vapeur d'eau se decomposera par le contact de tournure de fer chauffee
au rouge. Quand tout est pret, Coutelle fait une premiere experience; la
production de l'hydrogene s'opere dans de bonnes conditions, comme le
constatent les physiciens Charles et Conte, qui assistent aux details de
l'operation.
Des le lendemain, Coutelle recoit l'ordre d'aller se mettre a la
disposition du general Jourdan qui vient de recevoir le commandement de
_l'armee de Sambre-et-Meuse_. Il part, il arrive a Maubeuge. Mais l'armee
francaise a quitte ses positions, il faut courir a six lieues de la, a
Beaumont, chercher le quartier general. Coutelle arrive enfin pres du
general Jourdan, qui le recoit d'un air rebarbatif. "Un ballon, dit-il,
qu'est-ce que c'est que cela? Vous m'avez tout l'air d'un suspect, j'ai
bonne envie de vous faire fusiller." Coutelle s'explique. Le general
Jourdan se calme; il ne demande pas mieux que de faire des essais; il
appellera l'aerostier des que le moment sera venu d'agir.
Cependant des experiences se continuent a Paris, avec Conte, cet homme
si habile que Monge avait pu dire en parlant de lui: "Il a toutes les
sciences dans la tete et tous les arts dans la main," et bientot avec
Coutelle qui est revenu de Beaumont. Un ballon construit dans de bonnes
conditions s'eleve quelques jours apres a 500 metres a l'etat captif, et
ouvre a l'oeil un espace tres-etendu; le Comite de salut public se decide
a decreter la formation d'une compagnie a'aerostiers militaires.
Voici cette piece d'un haut interet:
ARRETE DU COMITE DE SALUT PUBLIC, CONCERNANT LA FORMATION D'UNE COMPAGNIE
D'AEROSTIERS MILITAIRES.
"13 germinal an II (2 avril 1794).
"Vu le proces-verbal de l'epreuve faite a Meudon, le 9 de ce mois, d'un
aerostat portant des observateurs, le Comite de salut public, desirant
faire promptement servir a la defense de la Republique cette nouvelle
machine, qui presente des avantages precieux, arrete ce qui suit:
"Art. 1er. Il sera incessamment forme, pour le service d'un aerostat
pres l'une des armees de la Republique, une compagnie qui portera le nom
d'aerostiers.
"Art. 2. Elle sera composee d'un capitaine, ayant les appointements de
ceux de premiere classe, d'un sergent-major, qui fera en meme temps les
fonctions de quartier-maitre; d'un sergent, de deux caporaux et de vingt
hommes, dont la moitie aura au moins un commencement de pratique dans les
arts necessaires a ce service, tels que maconnerie, charpenteri
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