nde equipee avec
un luxe tout a fait oriental. Elle precedait les ambassadeurs,
qui, au nombre de quatre, representaient magnifiquement le plus
mythologique des royaumes chevaleresques du XVIe siecle.
L'un de ces ambassadeurs etait l'eveque de Cracovie. Il portait un
costume demi-pontifical, demi-guerrier, mais eblouissant d'or et
de pierreries. Son cheval blanc a longs crins flottants et au pas
releve semblait souffler le feu par ses naseaux; personne n'aurait
pense que depuis un mois le noble animal faisait quinze lieues
chaque jour par des chemins que le mauvais temps avait rendus
presque impraticables.
Pres de l'eveque marchait le palatin Lasco, puissant seigneur si
rapproche de la couronne qu'il avait la richesse d'un roi comme il
en avait l'orgueil.
Apres les deux ambassadeurs principaux, qu'accompagnaient deux
autres palatins de haute naissance, venait une quantite de
seigneurs polonais dont les chevaux, harnaches de soie, d'or et de
pierreries, exciterent la bruyante approbation du peuple. En
effet, les cavaliers francais, malgre la richesse de leurs
equipages, etaient completement eclipses par ces nouveaux venus,
qu'ils appelaient dedaigneusement des barbares.
Jusqu'au dernier moment, Catherine avait espere que la reception
serait remise encore et que la decision du roi cederait a sa
faiblesse, qui continuait. Mais lorsque le jour fut venu,
lorsqu'elle vit Charles, pale comme un spectre, revetir le
splendide manteau royal, elle comprit qu'il fallait plier en
apparence sous cette volonte de fer, et elle commenca de croire
que le plus sur parti pour Henri d'Anjou etait l'exil magnifique
auquel il etait condamne.
Charles, a part les quelques mots qu'il avait prononces lorsqu'il
avait rouvert les yeux, au moment ou sa mere sortait du cabinet,
n'avait point parle a Catherine depuis la scene qui avait amene la
crise a laquelle il avait failli succomber. Chacun, dans le
Louvre, savait qu'il y avait eu une altercation terrible entre eux
sans connaitre la cause de cette altercation, et les plus hardis
tremblaient devant cette froideur et ce silence, comme tremblent
les oiseaux devant le calme menacant qui precede l'orage.
Cependant tout s'etait prepare au Louvre, non pas comme pour une
fete, il est vrai, mais comme pour quelque lugubre ceremonie.
L'obeissance de chacun avait ete morne ou passive. On savait que
Catherine avait presque tremble, et tout le monde tremblait.
La grande salle de reception du
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