onquis la verite du costume. On observe aujourd'hui
l'exactitude de l'ameublement. Les pas deja faits sont considerables. Il
ne reste guere qu'a mettre a la scene des personnages vivants, ce qui
est, il est vrai, le moins commode. Des lors, les dernieres traditions
disparaitraient, on reglerait de plus en plus la mise en scene sur les
allures de la vie elle-meme. Ne remarque-t-on pas, dans le jeu de
nos acteurs, une tendance realiste tres accentuee? La generation des
artistes romantiques a si bien disparu, qu'on eprouve toutes les peines
du monde a remonter les pieces de 1810; et encore les vieux amateurs
crient-ils a la profanation. Autrefois, jamais un acteur n'aurait ose
parler en tournant le dos au public; aujourd'hui, cela a lieu dans
une foule de pieces. Ce sont de petits faits, mais des faits
caracteristiques. On vit de plus en plus les pieces, on ne les declame
plus.
Je me resume, en reprenant une phrase que j'ai ecrite plus haut: une
oeuvre n'est qu'une bataille livree aux conventions, et l'oeuvre est
d'autant plus grande qu'elle sort plus victorieuse du combat.
III
Quitte a me repeter, je reviens une fois de plus a la question des
decors. Tout a l'heure, j'examinerai le tres remarquable ouvrage de M.
Adolphe Jullien sur le costume au theatre. Je regrette beaucoup qu'un
ouvrage semblable n'existe pas sur les decors. M. Jullien a bien dit, ca
et la, un mot des decors; car, selon sa juste remarque, tout se tient
dans les evolutions dramatiques; le meme mouvement qui transforme
les costumes, transforme en meme temps les decors, et semble n'etre
d'ailleurs qu'une consequence des periodes litteraires elles-memes.
Mais il n'en est pas moins desirable qu'un livre special soit fait sur
l'histoire des decors, depuis les treteaux ou l'on jouait les Mysteres,
jusqu'a nos scenes actuelles qui se piquent du naturalisme le plus
exact. En attendant, sans avoir la pretention de toucher au grand
travail historique qu'elle necessiterait, je vais essayer de poser la
question d'une facon logique.
M. Sarcey a fait toute une campagne contre l'importance que nos theatres
donnent aujourd'hui aux decors. Ils a dit, comme toujours, d'excellentes
choses, pleines de bon sens; mais j'estime qu'il a tout brouille
et qu'il faudrait, pour s'entendre, eclairer un peu la question et
distinguer les differents cas.
D'abord, mettons de cote la feerie et le drame a grand spectacle.
J'entends rester dans la litterature. Il est certain
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