rties de son corps. Elle n'etait pas a plus de vingt yards de
moi, et je distinguais l'expression d'inquietude et d'etonnement dont son
regard etait empreint. Tout a coup, elle parut comprendre la triste
verite, et, rejetant sa tete en arriere, elle se mit a pousser des cris
plaintifs et a courir en rond autour de son corps inanime. Mon premier
mouvement avait ete de recharger et de tuer la femelle; mais je me sentais
desarme par sa voix plaintive qui me remuait le coeur. En verite, si
j'avais pu prevoir un aussi lamentable spectacle, je ne me serais point
ecarte de la route. Mais la chose etait sans remede.
--Je lui ai fait plus de mal que si je l'avais tuee elle-meme, pensai-je;
le mieux que je puisse faire pour elle, maintenant, c'est de la tuer
aussi.
En vertu de ce principe d'humanite, qui devait lui etre fatal, je restai a
mon poste; je rechargeai mon fusil; je visai de nouveau, et le coup
partit. Quand la fumee fut dissipee, je vis la pauvre petite creature
sanglante sur le gazon, la tete appuyee sur le corps de son male inanime.
Je mis mon rifle sur l'epaule, et je me disposais a me porter en avant,
lorsque, a ma grande surprise, je me sentis pris par les pieds. J'etais
fortement retenu, comme si mes jambes eussent ete serrees dans un etau! Je
fis un effort pour me degager, puis un second, plus violent, mais sans
aucun succes: au troisieme, je perdis l'equilibre, et tombai a la renverse
dans l'eau. A moitie suffoque, je parvins a me mettre debout, mais
uniquement pour reconnaitre que j'etais retenu aussi fortement
qu'auparavant. De nouveau je m'agitai pour degager mes jambes; mais je ne
pouvais les ramener ni en avant, ni en arriere, ni a droite, ni a gauche;
de plus, je m'apercus que j'enfoncais peu a peu. Alors l'effrayante verite
se fit jour dans mon esprit: _j'etais pris dans un sable mouvant!_
Un sentiment d'epouvante passa dans tout mon etre. Je renouvelai mes
efforts avec toute l'energie du desespoir. Je me penchais d'un cote, puis
de l'autre, tirant a me deboiter les genoux. Mes pieds etaient toujours
emprisonnes; impossible de les bouger d'un pouce. Le sable elastique
s'etait moule autour de mes bottes de peau de cheval, et collait le cuir
au-dessus des chevilles, de telle sorte que je ne pouvais en degager mes
jambes, et je sentais que j'enfoncais de plus en plus, peu a peu, mais
irresistiblement, et d'un mouvement continu, comme si quelque monstre
souterrain m'eut tout doucement tire a lui! Je fri
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