voute celeste, et,
decrivant de larges courbes, s'abaisserent silencieusement vers la terre.
Les premiers arrives se poserent sur le bord de la rive, et apres avoir
jete un coup d'oeil autour d'eux, se dirigerent vers leurs proies.
Quelques secondes apres, la prairie etait noire de ces oiseaux immondes
qui grimpaient sur les cadavres des antilopes, et battaient de l'aile en
enfoncant leurs becs fetides dans les yeux de leurs proies. Puis vinrent
les loups decharnes, affames, sortant des fourres de cactus et rampant,
comme des laches, a travers les sinuosites de la prairie. Un combat
s'ensuivit, dans lequel les vautours furent mis en fuite, puis les loups
se jeterent sur la proie et se la disputerent, grondant les uns contre les
autres, et s'entre-dechirant.
--Grace a Dieu! pensai-je, je n'aurai pas du moins a craindre d'etre ainsi
mis en pieces!
Je fus bientot delivre de cet affreux spectacle. Mes yeux n'arrivaient
plus au niveau de la berge. Le vert tapis de la prairie avait eu mon
dernier regard. Je ne pouvais plus voir maintenant que les murs de terre
qui encaissaient le ruisseau, et l'eau qui coulait insouciante autour de
moi. Une fois encore je levai les yeux au ciel, et avec un coeur plein de
prieres, je m'efforcai de me resigner a mon destin. En depit de mes
efforts pour etre calme, les souvenirs des plaisirs terrestres, des amis,
du logis, vinrent m'assaillir et provoquerent par intervalles de violents
paroxysmes pendant lesquels je m'epuisais en efforts reiteres, mais
toujours impuissants. J'entendis de nouveau le hennissement de mon cheval.
Une idee soudaine frappa mon esprit, et me rendit un nouvel espoir:
peut-etre mon cheval.... Je ne perdis pas un moment. J'elevai ma voix
jusqu'a ses cordes les plus hautes, et appelai l'animal par son nom. Je
l'avais attache, mais legerement. Les branches de cactus pouvaient se
rompre. J'appelai encore, repetant les mots auxquels il etait habitue.
Pendant un moment tout fut silence, puis j'entendis les sons precipites de
ses sabots, indiquant que l'animal faisait des efforts pour se degager;
ensuite je pus reconnaitre le bruit cadence d'un galop regulier et mesure.
Les sons devenaient plus proches encore et plus distincts, jusqu'a ce que
l'excellente bete se montrat sur la rive au-dessus de moi. La, Moro
s'arreta, secouant la tete, et poussa un bruyant hennissement. Il
paraissait etonne, et regardait de tous cotes, renaclant avec force. Je
savais qu'une fois qu'il m'au
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