avec les pierres precieuses. Ce qu'elles etaient,
on le sait tres exactement, et par les representations qui en existent
un peu partout, a Karnak, a Medinet-Habou, a Denderah, dans les tombes,
et par les statues de calcaire et de bois: la matiere avait beau
changer, le style ne variait pas. Rien n'est plus perissable que de
pareilles oeuvres; la valeur meme des materiaux qui les composent les
condamne surement a la destruction. Ce que les guerres civiles, les
invasions etrangeres, la rapacite des pharaons et des gouverneurs
romains avait epargne, devint la proie des chretiens. Quelques
statuettes mignonnes, placees sur les momies en guise d'amulettes,
quelques figures, adorees comme divinites domestiques et egarees dans
les ruines des maisons, quelques ex-voto, oublies dans le coin obscur
d'un temple, sont parvenus jusqu'a nous. Le Phtah et l'Ammon de la reine
Ahhotpou, un autre Ammon en or de Boulaq et le vautour en argent
decouvert a Medinet-Habou vers 1885, sont les seules pieces de ce genre
attribuees certainement a la grande epoque. Le reste est saite ou
ptolemaique et ne se recommande point par la perfection du travail. La
vaisselle que renfermaient les temples et les maisons n'a pas eu
meilleure chance que les statues. Le Louvre a acquis, au commencement du
siecle, des coupes a fond plat que Thoutmos III donna a l'un de ses
generaux, Thoutii, en recompense de sa bravoure. La coupe d'argent est
tres mutilee, la coupe d'or est intacte et d'un fort joli dessin
(Fig.275). Les parois laterales sont ornees d'une legende
hieroglyphique. On a grave au fond une rosace, autour de laquelle
circulent six poissons. Une bordure de fleurs de lotus, reliees par une
ligne courbe, tourne autour du sujet principal. Les cinq vases de
Thmouis, conserves a Boulaq, sont en argent. Ils faisaient partie du
mobilier sacre, et avaient ete enfouis dans une cachette, ou ils sont
demeures jusqu'a nos jours. Rien n'indique leur age; mais, qu'ils soient
de l'epoque grecque ou de l'epoque thebaine, la facture est purement
egyptienne. Il ne reste plus de l'un d'eux que le couvercle avec une
poignee formee de deux fleurs reunies par la tige. Les autres sont
intacts et decores au repousse de boutons de lotus et de lotus epanouis
(Fig.276). Le galbe en est elegant et simple, l'ornementation sobre et
legere, le relief tres fin; l'un d'eux est pourtant entoure d'une
ceinture d'oves assez fortes (Fig.277), dont la saillie altere un peu
les contours de l
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