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, pour se rendre a sa
derniere demeure et naviguer a la suite des dieux sur la mer d'Occident.
La barque en argent etait posee sur un chariot de bois a quatre roues en
bronze; comme elle etait en assez mauvais etat, on l'a demontee et
remplacee par la barque en or (Fig.297). La coque est legere et
allongee: les facons de l'avant et de l'arriere sont relevees et se
terminent par des bouquets de papyrus gracieusement recourbes. Deux
estrades, entourees de balustrades a panneaux pleins, se dressent a la
proue et a la poupe, en guise de chateaux gaillards. Le pilote d'avant
est debout dans la premiere, le timonier se tient devant la seconde et
manie la rame a large palette qui remplissait l'office de notre
gouvernail. Douze rameurs d'argent massif voguent sous les ordres de ces
deux officiers. Au centre, Kamos est assis, la hache et le sceptre a la
main. Voila ce qu'il y avait sur une seule momie; encore n'ai-je enumere
que les objets les plus remarquables. La technique en est irreprochable,
et la surete du gout n'est pas moindre chez l'ouvrier que la dexterite
de la main. L'art de l'orfevre, parvenu au degre de perfection dont
temoigne l'ecrin d'Ahhotpou, ne s'y maintint pas longtemps. Les modes
changerent, la forme des bijoux s'alourdit. La bague de Ramses II au
Louvre, avec ses chevaux poses debout sur le chaton (Fig.298), le
bracelet du prince Psar (Fig.299), avec ses griffons et ses lotus en
email cloisonne, sont d'un dessin moins heureux que les bracelets
d'Ahmos. Celui qui les a executes etait, sans contredit, aussi habile
que les orfevres de la reine Ahhotpou; mais il avait le gout moins fin
et l'esprit moins inventif. Ramses II etait condamne, ou bien a ne
jamais porter sa bague, ou bien a voir les petits chevaux qui
l'ornaient, s'ecraser et tomber au moindre choc. La decadence, deja
sensible sous la XIXe dynastie, s'accentue a mesure que nous nous
rapprochons de l'ere chretienne. Les boucles d'oreilles de Ramses IX, au
musee de Boulaq, sont un compose disgracieux de disques charges de
filigrane, de chainettes, d'uraeus pendants; comme aucune oreille
humaine n'aurait pu en porter le poids sans s'allonger outre mesure ou
sans se dechirer, on les accrochait a la perruque de chaque cote de la
tete. Les bracelets du grand-pretre Pinotmou III, recueillis sur sa
momie, sont de simples anneaux en or, ronds, incrustes de verre colore
et de cornaline, semblables a ceux qu'on fabrique encore aujourd'hui
chez les noirs du Soud
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