Non contents de s'en
parer a profusion pendant la vie, ils en chargeaient les bras, les
doigts, le cou, les oreilles, le front, les chevilles de leurs morts. La
quantite qu'ils enfouissaient ainsi dans les tombeaux etait si
considerable, qu'apres trente siecles de fouilles actives, on decouvre
encore, de temps en temps, des momies qui sont, pour ainsi dire,
cuirassees d'or. Beaucoup de ces bijoux funeraires n'etaient que des
ornements de parade, fabriques pour le jour des funerailles, et dont
l'execution se ressent de l'usage auquel ils etaient destines. On ne se
privait pas pourtant d'enterrer avec les morts les bijoux qu'ils avaient
preferes de leur vivant, et ceux-la sont traites avec un soin qui ne
laisse rien a desirer. Les bagues et les chaines nous sont arrivees en
tres grand nombre, et cela n'a rien que de naturel. En effet, la bague
n'etait pas comme chez nous un simple ornement, mais un objet de
premiere necessite; on scellait les pieces officielles au lieu de les
signer, et le cachet faisait foi en justice. Chaque Egyptien avait donc
le sien, qu'il portait constamment sur lui afin d'en user en cas de
besoin. C'etait, pour les pauvres, un simple anneau en cuivre ou en
argent, pour les riches, un bijou de modele plus ou moins complique,
charge de ciselures et d'ornements en relief. Le chaton mobile tournait
sur un pivot. Il etait souvent incruste d'une pierre avec la devise ou
l'embleme choisi par le proprietaire, un scorpion (Fig.287), un lion,
un epervier, un cynocephale. Les chaines etaient pour l'Egyptienne ce
que la bague etait pour son mari, l'ornement par excellence. J'en ai vu
une en argent qui mesurait plus d'un metre cinquante de long. D'autres,
au contraire, ont a peine cinq ou six centimetres. Il y en a de tous les
modules, a tresse double ou triple, a gros anneaux, a petits anneaux,
les unes massives et pesantes, les autres aussi legeres et aussi
flexibles que le plus mince jaseron de Venise. La moindre paysanne
pouvait avoir la sienne, comme les dames du plus haut rang; mais il
fallait que la femme fut bien pauvre dont l'ecrin ne contenait rien
d'autre. Bracelets, diademes, colliers, cornes, insignes de
commandement, aucune enumeration n'est assez complete pour donner une
idee du nombre et de la variete des bijoux qu'on connait, soit par la
representation figuree, soit en original. Berlin a la parure d'une
Candace ethiopienne, le Louvre, celle du prince Psar, Boulaq celle de
la reine Ahhotpou, la p
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