ment, comme d'un prodige qu'ils reconnaissaient tres
extraordinaire. Ils ajoutaient que cet homme etait reellement un grand
demon: ce qui veut dire parmi eux un homme excellent et tout esprit.
"Ils concurent meme une vive crainte de cette image, dans l'apprehension
ou ils etaient que le defunt ne se vengeat et ne fit la guerre a leur
nation. Le pere jesuite ajoute: J'ai bien fait mon possible pour avoir
ce mouchoir, mais je n'ai pu y reussir. Les Iroquois se cachaient de
moi, a cause que j'etais une _robe noire_, comme le defunt; c'est
pourquoi, pour se defaire de cette image, ils vendirent le mouchoir aux
Anglais. Le pere jesuite s'efforca de l'acheter de ces derniers, mais
sans succes; les sauvages ayant menace de les detruire s'ils le lui
donnaient."
Enfin, pour terminer, donnons le recit de M. Dollier de Casson.
"On raconte, dit-il, une chose bien extraordinaire de M. Le Maitre,
c'est que le sauvage qui emportait sa tete, l'ayant enveloppee dans le
mouchoir du defunt, ce linge recut tellement l'impression de son visage,
que l'image en etait parfaitement gravee dessus, et que voyant le
mouchoir, on reconnaissait M. Le Maitre. Lavigne, ancien habitant de
ce lieu, homme des plus resolus, m'a dit avoir vu le mouchoir imprime
pendant qu'il etait prisonnier chez les Iroquois et que ces malheureux y
arriverent apres avoir fait ce mechant coup. Il assure que le capitaine
de ce parti, ayant tire le mouchoir de M. Le Maitre, a son arrivee, lui,
Lavigne, ayant reconnu ce visage, se mit a crier: "Ah! malheureux, tu as
tue Asonandio (c'etait ainsi que les Iroquois appelaient M. Le Maitre),
car je vois sa face sur son mouchoir."
"Ces sauvages honteux et confus resserrerent alors ce linge sans que
jamais depuis ils l'aient voulu montrer ni donner a personne, pas meme
au R.P. Simon Le Moine, qui sachant la chose fit tout son possible pour
l'avoir."
Et M. Dollier de Casson ajoute: "Je vous dirai qu'on m'a rapporte bien
d'autres choses assez extraordinaires a l'egard de la meme personne,
dont une partie etait comme les pronostics de ce qui devait lui arriver
un jour, et l'autre se rapportait a l'etat des choses presentes et a
celui dans lequel apparemment toutes les choses seront bientot. M. Le
Maitre a parle assez ouvertement, durant sa vie, de tout ceci a une
religieuse et a quelques autres, pour que je fusse autorise a en parler
si j'en voulais dire quelque chose. Mais je laisse le tout entre les
mains de Celui qui est l
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