rent sur elle pour la tuer a coups de haches;
Martine Primot se defend comme une lionne, bien que n'ayant pour seules
armes que ses mains et ses pieds. Au troisieme coup de hache, elle tombe
a terre, comme morte; alors un des Iroquois se jette sur elle pour la
scalper, et emporter sa chevelure comme trophee. Mais cette vaillante
femme, se sentant ainsi saisir, reprend tout a coup ses sens, se releve
plus furieuse et plus courageuse encore, et saisit son assassin avec
tant de force par un endroit tres sensible qu'il ne peut se degager de
ses mains. Il lui donnait toujours des coups de hache sur la tete, et
toujours elle le tenait avec autant de force. Elle s'evanouit enfin une
seconde fois et donne ainsi a l'Iroquois la liberte de s'enfuir. C'etait
la seule chose a laquelle il pensait a ce moment, car il etait sur le
point d'etre enveloppe par des colons qui accouraient au secours de la
_bonne femme Primot_.
Les Francais, des qu'ils furent pres d'elle, la trouverent baignee
dans son sang et l'aiderent a se relever; lever; l'un d'eux, touche de
compassion pour ses souffrances, l'embrassa. Mais cette femme, aussi
vertueuse que courageuse, revenant a elle, et se sentant embrassee,
appliqua un vigoureux soufflet a ce charitable auxiliaire, qui n'avait
cependant que les intentions les plus pures.
"Que faites-vous, dirent a Martine Primot les autres Francais? Cet
homme vous temoigne son amitie sans penser a mal, pourquoi le
frappez-vous?"--"_Parmenda_, repondit-elle en son patois, je croyais
qu'il voulait me baiser." Le courage et la vertu de cette femme ont
inspire a M. Dollier de Casson les reflexions suivantes: "C'est une
chose etonnante que ses profondes racines que jette la vertu dans un
coeur. L'ame de cette heroine etait prete a sortir de son corps,
son sang avait quitte ses veines et la vertu de purete etait encore
inebranlable en son coeur. Dieu benisse le noble exemple que, dans
cette occasion, cette bonne personne a donne a tout le monde pour
la conservation de cette vertu. Mme Primot, ajoute-t-il, est encore
vivante, et on l'appelle communement _Parmenda_, a cause de ce soufflet
qui surprit tellement un chacun que ce nom lui est reste."
III
COMBAT CONTRE LES IROQUOIS, 14 OCTOBRE 1652.
Quelque temps apres, le 14 octobre de la meme annee, le major Closse eut
l'occasion de montrer de nouveau son sang-froid et sa bravoure dans un
combat contre les Iroquois dont la presence avait ete signalee par les
do
|