aisions cette guerre barbare et sanguinaire
avec toute la ferocite et l'acharnement possibles, lorsque nous apprimes
par un envoye des Iroquois, que le reste de leur tribu demandait la
paix. Nous la leur accordames aux conditions les plus avantageuses pour
nous. Malgre nos exigences, ils y accederent volontiers.
La paix une fois signee, ce fut alors que surgirent en moi plus
terribles et plus inexorables les idees de vengeance. Le jour elles
faisaient bouillonner mon sang et donnaient a ma figure une expression
diabolique. La nuit elles revenaient encore dans mon sommeil et me
faisaient entrevoir les jouissances des demons lorsqu'ils enlevent une
ame a leur Createur.
L'ENLEVEMENT
Mon plan etait tout trace, et Paulo en connaissait une partie, il devait
etre mon complice dans son execution.
Bien qu'occupe dans les luttes continuelles de ruses et d'embucades
que nous avions a tendre ou a eviter dans une guerre indienne, pour
surprendre et ne pas etre surpris par l'ennemi; je me tenais cependant
parfaitement au courant de ce qui se passait au village. Mes coureurs,
d'apres mon ordre, allaient frequemment roder autour de la demeure
d'Octave, et me rapportaient qui s'y passait. Il avait achete a un mille
du village une charmante propriete, ou il jouissait avec Marguerite du
plus grand bonheur domestique. Une petite fille, alors agee de trois
ans, etait venue mettre le comble a leur felicite. Cette enfant, par sa
rare beaute et sa gentillesse, faisait les delices de ses parents qui
l'aimaient avec idolatrie.
Tous ces details exasperaient encore ma rage contre eux. Ils etaient si
heureux, et moi si malheureux. Oh! le temps de les faire souffrir a leur
tour, le pere et la mere d'abord et leur enfant ensuite etait venu.
Car, dans ma fureur insensee, je tenais cette chere et innocente petite
creature solidaire des tourments que j'endurais.
Je ne perdis donc pas de temps, et partis accompagne de Paulo. Peu de
jours de marche nous amenerent aupres du village. J'envoyai mon complice
en exploration pour examiner les lieux, se rendre compte de la position,
et prendre connaissance du personnel de la maison. Je lui enjoignis
d'avoir bien soin de ne pas se laisser voir.
Le miserable ne manquait ni d'intelligence, ni d'adresse, aussi
s'acquitta-t-il de sa mission de maniere a lui faire honneur. Il avait
su se glisser aupres de la ferme, compter le nombre de ses habitants, et
apprendre parfaitement la topographie des
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