reuse. Je la confiai aux mains de la vieille
indienne qui nous avait deja sauve la vie et qui depuis deux jours etait
arrivee je ne savais d'ou dans notre camp. Son fils Attenousse, car
c'etait bien lui qui etait le porteur du message du Gouverneur, etait
reparti la veille de notre depart pour aller prendre le commandement
d'une tribu Montagnaise dont il etait le chef.
Je remis de plus a la vieille des papiers importants qu'elle
transmettrait a un missionnaire que je lui avais designe et qui devait
bientot revenir, laissant une procuration a ce dernier et l'autorisait
a retirer les fonds necessaires afin de pourvoir amplement a la
subsistance d'Angeline et de celle qui en prendrait soin. Mes fonds
etaient deposes comme la chose se faisait alors, dans le Tresor Royal,
et recus en bonne forme m'en avaient ete donnes. Toutes ces dispositions
prises, j'etais tranquille sur le sort d'Angeline; c'etait d'ailleurs
un commencement de reparation qui lui etait du, ainsi qu'a ses parents
dont j'avais ete le persecuteur et le bourreau.
Cet homme de bien auquel j'avais confie l'execution de mes dernieres
volontes en partant, ce bon pretre, dont la charite et les bonnes
oeuvres etaient sans bornes s'appelait monsieur Odillon. Il me
representait l'ancien cure de ma paroisse si bon et si venerable. Dans
mon imprevoyance, je n'avais pas songe que si lui-meme venait a manquer
ou bien etait force de s'eloigner sans avoir pu remplir la mission de
pourvoyeur que je lui avais confiee, Angeline et la mere d'Attenousse
se trouveraient toutes deux dans un complet denument comme la chose est
arrive. Cette vieille sauvagesse etait la meme qui s'etait mise a ma
piste le jour de la mort.
_LA BRISE_
Deux jours apres, je partis si la tete de guerriers que j'avais plus
d'une fois, conduits au combat. Mais je l'avoue, cette fois ce n'etait
plus la pensee, l'espoir ou plutot le desespoir de rencontrer la mort
qui me guidait, mais bien le ferme desir de faire a Angeline les
jours aussi heureux que je les lui destinais miserables et tourmentes
auparavant. Les, remords, ces cris de la conscience, ces inexorables
vengeurs de la transgression des lois de Dieu, d'une minute a l'autre me
parlaient de plus en plus fort, desormais je n'etais plus le meme homme;
une transformation salutaire s'etait operee en moi.
Tant que le feu des batailles, avec l'excitation qu'elles produisent,
dura, je vecus comparativement calme et tranquille, les succes q
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