aupres de toi; d'ailleurs, le pauvre vieillard, qui vient de rendre
son ame a Dieu, t'a laisse de quoi completer ton education et vivre
richement. Benis la Providence pour ce qu'elle a fait, car dans ses
inscrutables desseins, elle donne en abondance d'une main ce qu'elle
parait oter de l'autre. Tu dois d'ailleurs, d'apres l'ordre de
ton bienfaiteur, abandonner la vie des bois, venir au sein de le
civilisation, ou tu rencontreras plus de protection et te preparer a y
remplir la mission que le ciel te destine.
Ce fut avec une voix pleine d'emotion et de reconnaissance qu'Adala
remercia M. Fameux de ces bonnes paroles. Pour nous, apres cet
entretien, nous n'eumes, au gre de nos desirs, que bien peu d'occasions
de la revoir. Toujours sous la surveillance de la vieille sauvagesse;
elle l'aidait a preparer nos repas, a renouveler le sapin de nos lits,
pendant que nous passions nos journees a la chasse ou a la peche et que
le bon missionnaire explorait les terres.
La journee finie nous nous retrouvions le soir au coin du feu et nous
racontions les exploits du jour avec leurs incidents; puis l'heure du
repos arrivee, nous donnions, dans nos prieres, un souvenir au pauvre
vieillard qui venait de nous laisser. Le lendemain, quelque matinal que
fut notre dejeuner, il etait toujours pret. La bonne indienne et Adala
nous l'avaient prepare avec le plus grand soin.
Nos coeurs jeunes et neufs de toutes impressions devaient ceder aux
attraits de cette enfant des bois, qui avait pour nous le parfum et la
suavite d'une fleur sauvage, poussee sous l'ombrage des grands arbres
de nos bosquets. Sa seduisante beaute et sa grace naturelle etaient
rehaussees encore s'il etait possible, par la tristesse repandue sur ses
traits et par ses habits de deuil.
Est-il etonnant que ses charmes produisent leur effet sur nous. Bois
Hebert, l'un de mes compagnons, se prit a l'aimer avec toute la force et
l'ardeur du son temperament de feu, et jamais dans le cours de sa vie
son amour se ralentit un seul instant.
Pourquoi, ne vous avouerai-je pas que je cedai a l'entrainement, que je
l'aimai moi aussi comme on ne peut aimer qu'une seule fois dans la vie,
c'est vous dire qu'elle fut mon premier et mon dernier amour. Bois
Hebert etait beau, riche et noble, brave comme un lion, il possedait
de plus un caractere d'or et une generosite qui ne se dementit jamais;
aussi obtint-il facilement la preference sur moi, qui n'avais autre
chose a lui offrir qu'
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