u aux quatre horizons du monde!... Or, ou en
suis-je maintenant? Voici: aujourd'hui, l'envoyee de Catherine
m'est venue dire: "Ce soir, un peu avant minuit, soyez a
Samt-Germain-l'Auxerrois: Alice vous attend." Oui, voila bien ce qui m'a
ete dit... Et lorsque j'arrive, ayant oublie Marillac, lorsque j'arrive
chercher l'amour, c'est encore a ma haine que je me heurte, et Catherine
est la pour me dire que Marillac va se trouver devant moi!... O sombre
genie, o tenebreuse conspiratrice! qu'attends-tu de moi?... Ce que tu
attends de moi, reine, c'est que je mette dans l'ame de cet homme autant
de douleur, autant de haine qu'il y en a dans la mienne Et c'est cela
que j'ai promis! Cette lettre, ce papier qui se tord dans ma main, je
dois le faire lire a cet homme! Et voila a quoi aboutit ma vengeance!...
a cette chose ignoble et basse, vile et hideuse, que moi, marquis de
Pani Garola, moi, qu'au-dela des monts on appelait le loyal, le fier, le
probe gentilhomme, oui, moi, je vais lachement tuer un homme, non pas
en combat singulier comme jadis, non pas au soleil, mais dans l'ombre,
apres l'avoir attire au plus infame guet-apens, non pas les armes a la
main, mais par un papier, par une forfaiture!... Voila ce que je vais
faire! Et cela pour qu'une femme qui ne m'aime pas soit a moi!
Une main s'appesantit sur l'epaule du moine.
Il frissonna.
"L'heure terrible est venue!" murmura-t-il.
Telle fut la pensee supreme du moine, a l'instant ou le comte
de Marillac et Alice de Lux, les mains enlacees, l'ame ravie,
s'approchaient a pas lents et s'arretaient au pied de l'autel.
Catherine anxieuse, attentive, sans un geste de trop, concentree dans
l'attente, dit d'une voix calme:
--Voici celui qui va vous unir...
Les fiances leverent leur regard vers le moine qui lentement se
redressait, rabattait son capuchon sur ses epaules et se tournait vers
eux...
L'angoisse de cet instant fut inexprimable.
Alice vit Panigarola. Ses levres devinrent blanches. Un tremblement
convulsif la saisit. Ses yeux rives a ceux du moine exprimerent une
surhumaine horreur.
Dans cette inappreciable seconde, elle comprit l'affreux guet-apens.
Son regard de folie se detacha du moine, se posa sur Catherine avec une
telle intensite d'epouvante que la reine recula d'un pas, puis sur
son fiance, et, cette fois, avec une si profonde pitie que Marillac
chancela, puis, enfin, a nouveau sur le moine.
Marillac sentait ses pensees se disloquer avec
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