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plaisanterie familiere a l'egard du jeune patron, avec des allusions a sa bonne petite vie de gros flemmard. A sa place, declaraient-ils, on ne ferait pas autre chose du matin au soir que siffler des petites verres ou des chopes et, naturellement, caresser les jolies femmes. M. Triphon s'efforcait de plaisanter avec eux; il tirait de grosses bouffees de sa pipe et sa face boursouflee luisait. En lui c'etait une lutte constante pour ne pas perdre son prestige de patron. Il devait a tout prix conserver son autorite; et, d'autre part, il tenait, autant que possible, a etre aimable envers ses ouvriers, surtout a cause de Sidonie. Il la regardait a la derobee, comme pour lire sur son joli visage en quelle disposition elle se trouvait. Parfois ce visage etait souriant et gentil, et M. Triphon se sentait tout heureux; mais, parfois aussi, il paraissait soucieux, morose; en ce cas, M. Triphon ne savait trop quelle attitude prendre. Le mieux etait de ne pas trop s'attarder en sa presence; et, tout doucement, il s'en allait plus loin avec Kaboul, qui de temps a autre s'asseyait par terre pour gratter ses puces a l'aise. Alors venait pour M. Triphon l'instant le plus palpitant de toute la journee; car c'etait l'heure ou l'une des femmes montait au grand grenier, pour y chercher la provision journaliere de sacs a reparer. Cette corvee revenait toujours a l'une des jeunes: parfois "la Blanche", parfois Sidonie, parfois Victorine. Certains jours, mais rarement, Lotje. M. Triphon, precede de Kaboul, penetrait sous la haute porte cochere. Il se gardait bien de gravir le grand escalier qui s'y trouvait, et par ou les femmes, de leur "fosse", auraient pu le voir monter; il prenait un petit escalier derobe dans un coin sombre du hangar, et, Kaboul sous le bras, grimpait vivement. Il arrivait dans une petite soupente servant de debarras; et, de la, par une porte interieure et quelques degres de pierre, gagnait le grand grenier. Vite il s'y blottissait derriere une pile de sacs, et attendait. Bientot il entendait les pas d'une des femmes sur les marches du grand escalier. Qui serait-ce, "la Blanche", Victorine, ou la bien-aimee? A grands coups sourds, son coeur battait pendant qu'il restait la aux aguets. Une tete se montrait dans l'ouverture du grenier. Cruelle deception! Le pauvre visage anemie de "la Blanche" ou la sotte frimousse de Victorine! La passion impetueuse en lui tombait, et il ne bougeait pas. Les battements de son
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