vieilles gens, il a pris note de leurs recits, et
c'est par ces recits qu'il est facile de mesurer le chemin parcouru.
Ils confirment ce qu'on savait deja de la grossierete des moeurs a une
epoque encore recente. Du reste l'exemple venait de haut, et la famille
royale ne pouvait en imposer ni par la tenue, ni par la moralite.
Le prince de Galles, raconte Lord Seymour, dans des memoires inedits, le
prince de Galles assure--et doit s'y connaitre--"qu'il n'y a pas une
honnete femme a Londres, excepte Lady Parker et Lady Westmorland: et
encore sont-elles si betes qu'on n'en peut rien tirer: tout au plus
sont-elles capables de se moucher elles-memes." A la reception de Mme
Vaneck, la semaine derniere [ceci se passe en 1788], le prince de
Galles; a l'honneur de la politesse et de l'elegance de ses manieres,
mesura la largeur de Mme V---- par derriere avec son mouchoir, et alla
montrer les dimensions a presque tous ceux qui etaient la. Un autre
trait de la conduite respectueuse du prince: a cette meme assemblee il a
fait signe a la pauvre vieille duchesse de Bedford a travers une grande
salle, et apres qu'elle eut pris la peine de traverser cette derniere,
il lui dit brusquement n'avoir rien a lui communiquer. Le prince a rendu
visite la semaine derniere a Mme Vaneck, avec deux de ses ecuyers. En
entrant dans la salle il s'est exclame: "Il _faut_ que je le fasse: il
le _faut_ ..." Mme V---- lui a demande ce qu'il etait oblige de faire,
et la-dessus il a jete un clignement d'oeil a St. Leger et a l'autre
complice qui ont couche Mme V---- a terre, et le prince l'a positivement
fouettee...
C'etait le resultat d'un pari. Mais Mlle Vaneck avait quelque habitude
des "jeux de rois": le prince fit penitence le lendemain, et elle ne lui
en voulut point. Autre aimable fantaisie du prince: il recoit le duc
d'Orleans, accompagne de son frere naturel, l'abbe de la Fai(?). L'abbe
pretend avoir un secret pour charmer les poissons: d'ou le pari, a la
suite duquel l'abbe s'approche de l'eau pour chatouiller un poisson avec
une baguette. Se mefiant toutefois du prince, qu'il connaissait sans
doute de reputation, il dit qu'il espere bien que celui-ci ne lui jouera
pas le tour de le jeter a l'eau. Le prince de protester et de donner "sa
parole d'honneur." L'abbe commence a se pencher sur un petit pont et le
prince aussitot le saisit et le fait culbuter a l'eau, d'ou l'abbe se
tire non sans peine, et non sans colere, car il court sur le princ
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