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sa lance, mais, comme il menacait encore, il fut aussitot atteint d'une balle dans le cote, qui l'envoya chez Pluton. Pendant ce temps, je tenais, avec cinq hommes, les quatre autres qui nous restaient, car trois s'etaient sauves, tellement serres contre un mur, qu'ils ne pouvaient se servir de leurs lances: au premier mouvement, nous pouvions les percer de nos baionnettes qui etaient croisees sur leurs poitrines sur lesquelles ils se frappaient a coups de poing, comme pour nous braver. Il faut dire, aussi, que ces malheureux etaient ivres d'avoir bu de l'eau-de-vie qu'on leur avait abandonnee avec profusion, de maniere qu'ils etaient comme des enrages. Enfin, pour en finir, nous fumes obliges de les mettre hors de combat. Nous nous depechames a faire une visite dans la maison; en visitant une chambre, nous apercumes deux ou trois hommes qui s'etaient sauves: en nous voyant, ils furent tellement saisis qu'ils n'eurent pas le temps de prendre leurs armes, sur lesquelles nous nous jetames; pendant ce temps, ils sauterent en bas du balcon. Comme nous n'avions trouve que deux hommes, et qu'il y avait trois fusils, nous cherchames le troisieme, que nous trouvames sous le lit, et qui vint a nous sans se faire prier et en criant: "_Bojo! Bojo!_" qui veut dire: "Mon Dieu! Mon Dieu!" Nous ne lui fimes aucun mal, mais nous le reservames pour nous servir de guide. Il etait, comme les autres, affreux et degoutant, forcat comme eux, et habille de peau de mouton, avec une ceinture de cuir qui lui serrait les reins. Nous sortimes de la maison. Lorsque nous fumes dans la rue, nous y trouvames les deux forcats qui avaient saute par la fenetre: un etait mort, ayant eu la tete brisee sur le pave; l'autre avait les deux jambes cassees. Nous les laissames comme ils etaient, et nous nous disposames a retourner sur la place du Gouvernement. Mais quelle fut notre surprise lorsque nous vimes qu'il etait impossible, vu les progres qu'avait faits le feu: de la droite a la gauche, les flammes ne formaient plus qu'une voute, sous laquelle il aurait fallu que nous passions, chose impossible, car le vent soufflait avec force, et deja des toits s'ecroulaient. Nous fumes forces de prendre une autre direction et de marcher du cote ou les seconds coups de fusil nous etaient venus; malheureusement, nous ne pouvions nous faire comprendre de notre prisonnier, qui avait plutot l'air d'un ours que d'un homme. Apres avoir marche deux cents pas, nou
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