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iere du regiment, qui etait une Hongroise avec qui il etait le mieux du monde, et qui avait encore sa voiture attelee de deux chevaux et bien garnie de vivres, de fourrures et d'argent. Je restai avec eux tout le temps de la halte, plus d'une heure. Pendant ce temps, un sous-officier portugais s'approcha de nous pour se chauffer; je lui demandai ou etait son regiment; il me repondit qu'il etait disperse, mais que lui, il etait charge, avec un detachement, d'escorter sept a huit cents prisonniers russes qui, n'ayant rien pour se nourrir, etaient reduits a se manger l'un l'autre, c'est-a-dire que, lorsqu'il y en avait un de mort, ils le coupaient par morceaux et se le partageaient pour le manger ensuite. Pour preuve de ce qu'il me disait, il s'offrit de me le faire voir; je refusai. Cette scene se passait a cent pas de l'endroit ou nous etions; nous sumes, quelques jours apres, que l'on avait ete oblige d'abandonner le reste, ne pouvant les nourrir. [Note 24: Ce sergent se nommait Guinard; il etait natif de Conde (_Note de l'auteur_.)] Le sergent des chasseurs, dont je viens de parler, finit par tout perdre avec sa cantiniere, a Wilna; ils furent tous deux prisonniers. Le 1er novembre, nous avions, comme la nuit precedente, couche pres d'un bois, sur le bord de la route: depuis plusieurs jours, nous avions deja commence a vivre de viande de cheval. Le peu de vivres que nous avions pu emporter de Moscou etait consomme, et nos miseres commencaient avec le froid qui, deja, se faisait sentir avec force. Pour mon compte, j'avais encore un peu de riz que je conservais pour les derniers moments, car je prevoyais, pour la suite, des miseres plus grandes encore. Ce jour-la, je faisais encore partie de l'arriere-garde, qui etait composee de sous-officiers, a cause que deja beaucoup de soldats restaient en arriere pour se reposer et se chauffer a des feux que ceux qui etaient devant nous avaient abandonnes en partant. En marchant, j'apercus, sur ma droite, plusieurs hommes de differents regiments, dont quelques-uns etaient de la Garde, autour d'un grand feu. Je fus envoye par l'adjudant-major, afin de les engager a suivre; etant pres d'eux, je reconnus Flament, dragon velite. Je le trouvai faisant cuire un morceau de cheval au bout de son sabre, dont il m'invita de prendre part; je l'engageai a suivre la colonne; il me repondit qu'aussitot qu'il aurait fait son repas, il se remettrait en route, mais qu'il etait malheureux,
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