s trouvames une rue sur notre
droite; mais, avant de nous y engager, nous eumes la curiosite de
visiter la maison aux coups de fusil, qui paraissait de tres belle
apparence. Nous y fimes entrer notre prisonnier, en le suivant de
pres; mais a peine avions-nous pris ces precautions, qu'un cri
d'alarme se fit entendre, et nous vimes plusieurs hommes se sauvant
avec des torches allumees a la main; apres avoir traverse une grande
cour, nous vimes que l'endroit ou nous etions, et que nous avions pris
pour une maison ordinaire, etait un palais magnifique. Avant d'y
entrer, nous y laissames deux hommes en sentinelle a la premiere
porte, afin de nous prevenir, s'il arrivait que nous fussions surpris.
Comme nous avions des bougies, nous en allumames plusieurs, et nous
entrames: de ma vie, je n'avais vu d'habitation avec un ameublement
aussi riche et aussi somptueux que celui qui s'offrit a notre vue,
surtout une collection de tableaux des ecoles flamande et italienne.
Parmi toutes ces richesses, la chose qui attira le plus notre
attention, fut une grande caisse remplie d'armes de la plus grande
beaute, que nous mimes en pieces. Je m'emparai d'une paire de
pistolets d'arcon dont les etuis etaient garnis de perles et de
pierres precieuses; je pris aussi un objet servant a connaitre la
force de la poudre (eprouvette).
Il y avait pres d'une heure que nous parcourions les vastes et riches
appartements d'un genre tout nouveau pour nous, qu'une detonation
terrible se fit entendre: ce bruit partait d'une place au-dessous de
l'endroit ou nous etions. La commotion fut tellement forte, que nous
crumes que nous allions etre aneantis sous les debris du palais. Nous
descendimes au plus vite et avec precaution, mais nous fumes saisis en
ne voyant plus les deux hommes que nous avions places en faction. Nous
les cherchames assez longtemps; enfin nous les retrouvames dans la
rue: ils nous dirent qu'au moment de l'explosion, ils s'etaient sauves
au plus vite, croyant que toute l'habitation allait s'ecrouler sur
nous. Avant de partir, nous voulumes connaitre la cause de ce qui nous
avait tant epouvantes; nous vimes, dans une grande place a manger, que
le plafond etait tombe, qu'un grand lustre en cristal etait brise en
milliers de morceaux, et tout cela venait de ce que des obus avaient
ete places, a dessein, dans un grand poele en faience. Les Russes
avaient juge que, pour nous detruire, tous les moyens etaient bons.
Tandis que nous etions enco
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