e aussi bien que la bete qui lui cache
le ventre et la cuisse. Le soldat le plus lointain d'une compagnie qui
s'avance en bon ordre au son de la trompette a la tete et les pieds au
meme niveau que le soldat le plus voisin du spectateur (Fig.165).
Lorsque des chars defilent devant Pharaon, on jurerait que leurs roues
s'emboitent exactement dans la meme orniere, si la caisse du premier ne
masquait en partie l'attelage du second (Fig.166). Dans ces exemples,
les personnes et les choses sont, par accident ou par nature, placees
assez pres l'une de l'autre pour que le defaut ne paraisse pas trop
choquant, et l'artiste egyptien a use du meme procede qu'ont employe
plus tard les sculpteurs grecs. Ailleurs, il a cherche a s'approcher
davantage de la verite. Les archers de Ramses III a Medinet-Habou font
un effort presque heureux pour se tenir en perspective: la file des
casques s'abaisse et celle des arcs se releve regulierement, mais tous
les pieds s'appuient sur une seule raie de sol, et la ligne qu'ils
tracent ne suit pas, comme elle devrait, le mouvement des autres lignes
(Fig.167). Ce mode de representation n'est pas rare a l'epoque
thebaine. On l'adoptait de preference lorsqu'on voulait figurer des
troupes d'hommes ou d'animaux placees sur un rang et entrainees au meme
acte d'une meme impulsion; mais il avait l'inconvenient, grave aux yeux
des Egyptiens, de supprimer presque entierement le corps des
personnages, le premier excepte, et de n'en laisser subsister qu'un
contour insuffisant. Lors donc qu'on ne pouvait ramener toutes les
figures sur le devant du tableau, sans risquer d'en cacher une partie,
on decomposait l'ensemble en plusieurs groupes, dont chacun representait
un episode, et qu'on distribuait l'un au-dessus de l'autre dans le meme
plan vertical. La hauteur de chacun d'eux ne depend en rien de la place
qu'ils occupaient dans la perspective normale, mais du nombre d'etages
superposes dont l'artiste pensait avoir besoin pour rendre completement
sa pensee. Elle equivaut d'ordinaire a la moitie du registre principal,
s'il se contentait de deux etages, au tiers s'il en voulait trois, et
ainsi de suite. Cependant, lorsqu'il s'agit de simples accessoires, le
registre qui les contient peut etre plus bas que les autres; ainsi, au
festin funebre d'Harmhabi, les amphores sont entassees dans un moindre
espace que celui ou siegent les convives. Les scenes secondaires etaient
separees le plus souvent par une barre horizontale
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