s faussaires de
Louxor a tire, en moins de quinze jours, d'un fragment de granit noir
raye de rouge, une tete humaine de grandeur naturelle qui est au musee
de Boulaq. Je ne doute pas que les anciens n'aient opere de meme: ils
triomphaient des pierres dures a force d'user du fer sur elles. Le
moyen une fois decouvert, l'habitude leur avait enseigne les tours de
main les plus favorables a rendre la besogne aisee et a obtenir de leurs
outils une execution aussi fine et aussi reguliere que celle que nous
tirons des notres. Des que l'apprenti savait manier la pointe et le
maillet, le maitre le placait devant des modeles gradues qui
representaient les etats successifs d'un animal, d'une portion de corps
humain, du corps humain entier, depuis l'ebauche jusqu'au parfait
achevement (Fig.178). On les recueille chaque annee en assez grand
nombre pour etablir des series progressives: quinze de ceux qui sont a
Boulaq viennent de Saqqarah, quarante et un de Tanis, une douzaine de
Thebes et de Medinet-el-Fayoum, sans parler des pieces isolees qu'on
ramasse un peu partout. Ils etaient destines partie a l'etude du
bas-relief, partie a celle de la statuaire proprement dite, et nous en
font connaitre les procedes.
[Illustration: Fig. 177--Violon conserve a Berlin.]
[Illustration: Fig. 178--Dalle ayant servi de modele.]
Les Egyptiens traitaient le bas-relief de trois facons principales: ou
bien c'etait une simple gravure a la pointe, ou bien ils abattaient le
fond autour de la figure et la modelaient en saillie sur la muraille, ou
bien ils reservaient le champ et levaient le motif en relief dans le
creux. Le premier procede a l'avantage d'aller vite et l'inconvenient
d'etre peu decoratif. Ramses III s'en est servi dans quelques endroits,
a Medinet-Habou; mais on l'appliquait de preference aux steles et aux
petits monuments. Le dernier diminuait les chances de destruction de
l'oeuvre et la peine de l'ouvrier: il supprimait en effet le dressage
des fonds, ce qui etait une reelle economie de temps, et ne laissait
subsister aucune saillie a la face du parement, ce qui mettait l'image a
l'abri des chocs accidentels. Le procede intermediaire etait le plus
usite, et on parait l'avoir enseigne dans les ecoles de preference aux
autres. Les modeles etaient de petites dalles carrees ou rectangulaires,
quadrillees pour permettre a l'eleve d'augmenter ou de reduire son sujet
sans rien changer aux proportions traditionnelles. Quelques-unes sont
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