vice est commence. Les jarres de vin et
de biere, posees a la file sur leurs selles en bois, sont deja ouvertes.
Deux jeunes esclaves, puisant a merci dans un vase d'albatre, frottent
les vivants d'essences odorantes. Deux femmes en toilette d'apparat
presentent aux morts des coupes en metal remplies de fleurs, de grains
et de parfums, qu'elles deposent au fur et a mesure sur une table
carree; trois autres accompagnent de leur musique et de leur danse
l'hommage des premieres. Comme ici le tombeau est la salle du festin, il
n'y a d'autre fond au tableau que la paroi couverte d'hieroglyphes, a
laquelle les invites etaient adosses pendant la ceremonie. Ailleurs, le
theatre de l'action est indique clairement par des touffes d'herbe ou
par des arbres, si elle se passe en rase campagne, par du sable rouge,
si elle se passe au desert, par des fourres de joncs et de lotus, si
elle se passe dans les marais. Une femme de qualite rentre chez elle
(Fig.164). Une de ses filles, pressee par la soif, boit un long trait
d'eau a meme une goulleh; deux petits enfants nus, un garcon et une
fillette a tete rase, sont accourus vers la mere jusqu'a la porte de la
rue, et recoivent, des mains d'une servante, des joujoux qu'on leur a
rapportes du dehors. Une treille, habillee de vignes, des arbres charges
de fruits poussent au second plan: nous sommes dans un jardin, mais la
maitresse et ses deux filles ainees l'ont traverse sans s'y arreter et
sont entrees dans la maison. La facade, levee a moitie, laisse voir ce
qu'elles font: trois servantes leur servent des rafraichissements. Le
tableau n'est pas mal compose et pourrait etre transcrit sur la toile
par un moderne sans exiger trop de changements; seulement la meme
maladresse, ou le meme parti pris, qui obligeait l'Egyptien a emmancher
une tete de profil sur un buste de face, l'a empeche de disposer ses
plans en fuite l'un derriere l'autre, et l'a reduit a inventer des
procedes plus ou moins ingenieux pour remedier a l'absence presque
complete de perspective.
[Illustration: Fig. 163]
[Illustration: Fig. 164]
Et d'abord, la plupart des personnages qui concourent a une meme action
etaient rabattus sur un meme plan, isoles autant que possible, pour
eviter que la silhouette de l'un recouvrit celle de l'autre; sinon, on
les superposait a plat, comme s'ils n'avaient eu que deux dimensions et
point d'epaisseur. Un bouvier qui marche au milieu de ses boeufs repose
directement sur la ligne de terr
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