C'est moi qui irai remplacer Betty; elle va manger un
morceau, se coucher et dormir jusqu'au soir; et moi, apres avoir fait
mes emplettes, je passerai la journee-la-bas au lieu d'aller chez le
juge de paix. Va le prevenir, Charlot; dis-lui pourquoi je n'y vais pas
aujourd'hui. Je te confie ma pauvre Juliette; soigne-la, et vois a faire
le diner et le souper de ton mieux pour nous tous, car il faut bien que
nous donnions a manger a Betty et au garde-malade qu'elle s'est choisi
pour adjoint.
Charles:--Mais vous, Marianne, vous n'allez pas rester toute la journee
chez ma cousine? Quelle fatigue pour vous! Et quel spectacle que cette
pauvre femme mourante qui ne songe qu'a son or!
Marianne:--Tu m'enverras quelqu'un pour me relayer a l'heure du diner;
le soir, Betty reprendra son poste pres de la malade, et moi le mien
pres de Juliette."
Charles fit la commission de Marianne au juge, qui le recut tres
amicalement et qui promit d'envoyer sa bonne deux ou trois fois dans la
journee pour laisser a Marianne la liberte de prendre ses repas et de
faire son menage.
Ils prirent tous leur cafe au retour de Charles, et chacun s'en alla a
ses affaires; Marianne libera Betty, et lui fit prendre son dejeuner,
ainsi qu'a Donald qui s'etait eveille et qui engloutit une terrine
pleine de cafe au lait avec une livre de pain qu'il y mit tremper. Betty
se coucha, Donald alla faire un somme dans la salle, et Marianne resta
seule pres de la malade, qui s'etait calmee.
Le calme continua et donna a Marianne le temps de ranger la chambre, de
laver ce qui etait sale, de tout essuyer, nettoyer. La cousine Mac'Miche
dormait toujours.
"C'est une crise favorable, pensa Marianne; en s'eveillant, elle aura
repris toute sa connaissance."
Charles avait conduit Juliette a la messe; puis, au lieu de se promener,
ils etaient rentres chez eux pour faire le menage.
"Marianne pourra se reposer bien a son aise quand elle reviendra, car
elle n'aura plus rien a faire", dit Juliette.
Charles fut surpris de voir la part que prenait Juliette a ce travail
qui semblait impossible pour une aveugle. Pendant que Charles balayait,
elle lavait et essuyait la vaisselle, la replacait dans le dressoir,
nettoyait le fourneau. Ils allerent ensuite faire les lits, balayer et
essuyer partout. Ils recurent la literie et les effets qu'avait achetes
Marianne, et ils mirent tout en place; Charles essaya de suite ses
vetements neufs: ils lui allaient a merveille et lu
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