nnoncerent a Charles qu'il
etait seul heritier des deux cent mille francs de la defunte, ces
messieurs ne purent retenir un sourire devant la stupefaction profonde
qu'exprimait la physionomie de l'heritier.
"Et les pauvres? fut le premier mot de Charles.
Le juge:--Les pauvres n'auront que ce que tu voudras bien leur donner;
tout est a toi.
Charles:--Monsieur le juge, donnez, je vous prie, a M. le cure, pour
les pauvres, ce que vous pourrez donner.
Le juge:--Ni toi ni moi, nous ne pouvons rien donner, Charles; mais
quand Marianne sera ta tutrice, elle fera ce qu'elle voudra.
Charles:--Bon! Marianne voudra bien faire comme je veux.
Marianne:--Ce n'est pas bien sur, mon ami: cela dependra de ce que tu
demanderas.
Charles:--Bien! je veux que vous soyez tout a fait a votre aise. Et toi,
ma bonne, ma chere Juliette, tu seras soignee comme une princesse; tu ne
seras plus jamais seule.
Juliette:--Oh! moi, je ne demande pas a changer; je me trouve tres
heureuse avec toi et ma chere Marianne; je ne veux etre soignee que par
vous."
Le juge, le cure et M. Blackday s'en allerent, et Charles put causer
librement avec ses cousines de ses nouvelles richesses et de leur
emploi.
"D'abord, dit Charles, je vais vous dire ce que je voudrais. Que vous
donniez aux pauvres tout ce qui depasse deux cent mille francs. Puis,
que vous donniez au cure pour arranger notre pauvre eglise cinq mille
francs; puis, qu'il ait tous les ans trois mille francs pour les
pauvres. Puis, que nous ayons Betty chez nous; puis, que nous arrangions
un peu la maison; puis, que je puisse prendre de M. le cure des lecons
de tout ce que je voudrais savoir et que je ne sais pas; puis, que vous
m'achetiez les Instructions familieres et quelques bons et amusants
livres comme celui-la; puis...
Juliette:--Assez, assez, Charles; tu en demandes trop.
Charles:--Non, pas trop, car ma plus grosse demande n'est pas encore
dite,... mais je la dirai plus tard.
Juliette:--Ah! tu as deja des mysteres de proprietaire. Est-ce que tu ne
me les feras pas connaitre?
...Charles:--Non, pas meme a toi. Mais, Juliette, sais-tu que je rougis
de l'education que j'ai recue jusqu'ici? je ne suis bon a rien; je ne
sais rien. Si Marianne voulait bien me laisser aller a l'ecole, on y
travaille de huit heures du matin a onze heures, puis d'une heure a
quatre: en m'appliquant, j'apprendrais bien des choses dans ces six
heures de travail."
Juliette:--Tu as parfaitemen
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