i causerent une joie
que partagea Juliette. Quand tout fut termine, Juliette prit son tricot,
Charles prit un livre et lut tout haut: c'etait un livre instructif et
amusant, intitule Instructions familieres ou Lectures du soir.
Charles, apres avoir lu quelque temps:--Quel bon et interessant livre!
Je suis content de le lire. Et quelles histoires amusantes on y raconte!
Tout le monde devrait avoir ce livre-la! Quand j'aurai de l'argent, je
l'acheterai, bien sur. Est-ce qu'il coute cher?
Juliette:--Mais oui! Cher pour nous qui ne sommes pas riches. Les deux
volumes, qui sont tres gros, il est vrai, coutent cinq francs.
Charles:--Quel dommage! C'est trop cher! Je n'ai pas le sou.
Juliette:--Mais quand tu auras ta fortune, tu pourras l'acheter.
Charles:--Dis-moi, Juliette, comment la cousine Mac'Miche a-t-elle fait
pour etre si riche?
Juliette:--Je ne sais pas; elle aura toujours amasse en se privant de
tout.
Charles:--Mais a quoi lui servait son argent puisqu'elle se privait de
tout?
Juliette:--A rien du tout; il ne lui a jamais procure la moindre
douceur.
Charles:--Comme c'est drole, de se faire riche pour vivre comme si l'on
etait pauvre! Dis donc, Juliette, si elle meurt, que fera-t-on de son
argent?
Juliette:--Je ne sais pas du tout; j'espere qu'on le donnera aux
pauvres.
Charles:--Ce sera bien fait, car je ne l'ai jamais vue donner un sou a
un pauvre."
L'heure du dejeuner approchait, Charles tint conseil avec Juliette, et
ils deciderent qu'on mangerait une omelette a la graisse, et une salade
a la grosse creme. Charles alla acheter ce qu'il fallait, ralluma le
feu, et, aide de Juliette qui cassa et battit les oeufs, il fit une
omelette tres passable pendant que Juliette assaisonnait et retournait
la salade que Charles avait cueillie toute fraiche dans le jardin, et
qu'il avait lavee et appretee. Marianne rentra exactement pour diner.
"La cousine Mac'Miche ne va pas bien, dit-elle en entrant; elle n'a pas
bouge depuis que je suis entree, voici bientot cinq heures; Betty dort
toujours, je n'ai pas voulu la deranger, mais j'ai secoue et reveille
Donald pour lui faire prendre ma place pres de la cousine, avec ordre de
venir me chercher aussitot qu'elle serait eveillee.
--Tu as tres bien fait; et nous n'avons pas perdu notre temps, Charles
et moi. Regarde, Marianne, si le menage est bien fait, si tout est en
ordre.
--Bien! tres bien! dit Marianne en regardant de tous cotes. C'est
Charles
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