t raison, mon ami; bien des fois j'ai gemi
de ton ignorance et de l'impossibilite ou tu etais d'en sortir. La
cousine Mac'Miche te faisait lire haut des histoires; elle te dictait
quelques lettres par-ci par-la: ce n'est pas une education. Parles-en
a ma soeur; elle te dira ce qu'il y aura a faire pour en savoir assez,
mais pas trop."
XX
CHARLES MAJEUR: ON LUI PROPOSE DES FEMMES; IL N'EN VEUT AUCUNE
Marianne et Charles s'occuperent des funerailles de Mme Mac'Miche.
Charles causa plusieurs fois avec le juge de paix de sa nouvelle
position et du profit qu'il pourrait en tirer; il demanda avec tant
d'insistance de payer les dettes de ses cousines, que le juge finit par
le lui permettre, mais seulement sur ses revenus.
"Car, lui dit-il, tu ne peux disposer de ta fortune avant ta majorite."
Quand la cousine Mac'Miche fut rendue a la terre, qui s'ouvre et se
referme pour tous les hommes, le juge fit nommer Marianne tutrice de
Charles, auquel on alloua, pour frais d'education et d'entretien, les
revenus de sa fortune, ce qui donna aux deux soeurs une aisance dont
elles jouissaient chaque jour et a chaque heure du jour.
Marianne prit Betty chez elle; et, pour eviter les hommes de journee
necessaires au service de la maison et a la culture du jardin
appartenant aux deux soeurs, etc., Betty proposa de faire entrer Donald
a leur service; et, quelque temps apres, Donald proposa a Betty de se
mettre a son service en la prenant pour femme; Betty sourit, rougit, rit
aux eclats, donna deux ou trois tapes en signe d'adhesion, et, un mois
apres, on celebrait chez les deux soeurs les noces de Betty et de
Donald.
Peu de temps apres, le juge proposa a Marianne un bon placement pour
Charles. Une belle et bonne ferme, avec une terre de quatre-vingt mille
francs, etait a vendre pres de Dunstanwell; Marianne en parla a Charles,
qui bondit de joie a la pensee d'avoir une ferme et de vivre a la
campagne; la terre fut achetee et payee; Marianne se chargea des
arrangements interieurs et de la direction du menage; Betty devint fille
de ferme, et son mari reprit son ancien metier de laboureur, charretier,
faucheur, etc. Ils resterent dans la maison de Marianne et de Juliette,
qui etait assez grande pour les contenir tous, et qu'ils arrangerent
convenablement, jusqu'au moment, impatiemment attendu, ou ils pourraient
habiter la ferme de Charles. En attendant l'installation definitive,
Charles menait Juliette tous les jours, matin et so
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