blanc. Il est mort dans la seconde maniere de DICKENS, plus
travaillee, plus tendue que le style jeune et fort de NICKLEBY.
III.--CE QU'ON APPELLE UN BEAU-PERE.
Il n'y a pas loin du premier chapitre dans la vie de JONNIE jusqu'a
l'entree de MURDSTONE--le MURDSTONE francais, dur, mais poete, ainsi
plus frivole que le MURDSTONE anglais. Mais, puisque pour le petit
ARRIE tout ce qu'il y a de penible dans l'histoire de son petit cousin
anglais doit s'augmenter, le MURDSTONE francais a des traits des
NERON et des CALIGULA. Naturellement le jeune DOMBEY, se souvenant
des escapades du cousin, fait son petit voyage d'enfant--une fuite
de la pension jusqu'a la maison maternelle ou la petite dame s'est
installee en secondes noces avec MURDSTONE D'ARGENTON, le poete. Alors
commencent l'education de l'enfant par le beau-pere, les larmes de la
mere, le martyre du petit. Que de gifles; que de dictionnaires lances
a la tete du chetif bambin!
"Faut qu'il aille quelque part gagner sa vie," dit MURDSTONE, qui
s'enrageait de plus en plus, a cause de deux incommodites dans leur
vie de famille, la premiere que lui, MURDSTONE, n'avait pas le genie
d'ALFRED DE MUSSET, la seconde que l'enfant avait un rhume de cerveau
incurable. "Envoyez-le laver les bouteilles chez un marchand de vins,"
proposait un ami de la maison.
"Mais, non, cela ne serait pas assez dur," repondit le poete. "Je suis
fache qu'il n'y ait plus a Londres ce bon systeme de ramoneurs-garcons
qu'on faisait bruler vifs quelquefois dans les cheminees. Faute de
cela je le mettrai sur la voie ferree, a graisser les roues avec son
petit pot de pommade jaune--et si par hasard il se faisait ecraser par
un train--tant pis pour lui."
Il etait grand garcon maintenant, ce joli petit JONNIE du premier
chapitre, et avant de partir pour se perdre entre les Parias du pot a
graisse sur la ligne d'Est, il s'enhardit jusqu'a questionner sa mere
sur un sujet qu'elle avait approche de temps en temps gentillement du
bout des levres, en lui soufflant des idees romanesques, des visions
de ducs espagnols et de millionnaires anglais.
"Dis done, p'tite Maman, comment s'appelait-il, mon pere?"
"Mais, mon cheri, naturellement, il s'appelait COPPERFIELD."
"Mais, Maman, tu me disais autrefois qu'il etait DOMBEY, un grand
financier, riche a millions. Se peut-il que de DOMBEY je sois devenu
COPPERFIELD?"
La pauvre inconsequente sanglotait avec vehemence--"Mon JONNIE, je
te trompais. DOMBEY,
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