os.
--Monsieur Leon, cria le bonhomme, monsieur Leon, je vous en prie, au
nom du ciel....
Mais Leon avait gagne le vestibule et descendait l'escalier.
Au moment ou il franchissait la porte cochere, une voiture, avec Joseph
dedans, s'arretait devant le trottoir.
--A la gare Saint-Lazare! dit Leon, montant brusquement dans la voiture,
et aussi vite que vous pourrez!
Le cheval, enleve par un vigoureux coup de fouet, partit au grand trot;
aussitot Leon voulut reprendre la lecture de la lettre, dont les
premieres lignes l'avaient si profondement bouleverse.
Mais la voiture franchit en moins de cinq minutes la distance qui separe
la rue Royale de la rue Saint-Lazare: quand elle entra dans la cour de
la gare, il n'avait pas encore tourne le premier feuillet; l'horloge
allait sonner neuf heures.
Il etait temps: on ferma derriere lui le guichet de distribution des
billets.
Ce fut seulement quand il se trouva installe dans son wagon, ou il etait
seul, qu'il reprit sa lecture, non au point ou il l'avait interrompue,
mais a la premiere ligne:
"Mon cher Leon,
"Ma depeche telegraphique d'hier, par laquelle je te demandais si tu
serais a Paris libre de toute occupation pendant la fin de la semaine, a
du te surprendre jusqu'a un certain point.
"En voici l'explication:
"Je vais mourir, et tu es la seule personne au monde, mon cher neveu,
qui puisse assister ma fille, ta cousine; dans cette circonstance, il
fallait donc que je fusse certain qu'aussitot prevenu tu pourrais
accourir pres d'elle.
"Cette certitude, ta reponse me la donne, et, comme d'avance je suis sur
de ton coeur, je puis maintenant accomplir ma resolution.
"Tu connais ma position, je n'ai pas de fortune. Nes de parents pauvres,
ton pere et moi nous n'avons pas eu de patrimoine. Mais tandis que ton
pere, jetant un clair regard sur la vie, embrassait la carriere
commerciale au lieu d'etre artiste, comme il l'avait tout d'abord
souhaite, j'entrais dans la magistrature. Et, d'autre part, tandis que
ton pere epousait une femme riche qui lui apportait des millions, j'en
epousais une qui n'avait pour dot et pour tout avoir qu'une cinquantaine
de mille francs.
"Cette dot avait ete placee dans une affaire industrielle; je ne
changeai point ce placement, car il ne me convenait pas de defaire ce
qui avait ete fait par mon beau-pere, et d'un autre cote j'etais bien
aise de tirer de ces cinquante mille francs un revenu assez gros pour
que ma femme e
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