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res. Ingenieuse a se tromper elle-meme, elle s'etait dit et repete que les sentiments qu'elle eprouvait pour Leon etaient ceux d'une cousine pour son cousin, d'une soeur pour son frere, et que la tendresse profonde qu'elle ressentait pour lui prenait sa source dans la reconnaissance. Mais cela etait hypocrisie et mensonge. La verite, la realite c'etait qu'elle l'aimait non comme son cousin, non comme son frere, non pas par reconnaissance; c'etait l'amour qui emplissait son coeur. Ce ne fut pas sans rougir qu'elle se fit cet aveu, mais comment le repousser quand, pensant a un mariage avec Saffroy, elle se sentait etouffee par la honte? Est-ce que, voulant sauver l'honneur de son pere, elle eut ressenti ces mouvements de honte si elle n'avait pas aime Leon? c'etait son coeur qui se revoltait contre sa tete, c'etait l'amour de l'amante, qui refusait de se sacrifier a l'amour de la fille. Libre, elle eut pu accepter Saffroy meme ne l'aimant pas,--la tendresse sinon l'amour naitrait peut-etre plus tard. Mais le pouvait-elle maintenant qu'elle ne s'appartenait plus et qu'elle etait a un autre? C'eut ete tromperie de se dire que la tendresse naitrait peut-etre plus tard; elle savait bien maintenant, elle sentait bien qu'elle n'aimerait jamais que Leon. Meme pour l'honneur de son pere, elle ne pouvait pas se deshonorer ni deshonorer son amour. Et cependant elle ne pouvait pas permettre non plus que par sa faute la memoire de son pere fut deshonoree. Jamais elle n'avait eprouve pareille angoisse: par moments son coeur s'arretait de battre; et par moments aussi, le sang bouillonnait dans sa tete a croire que son crane allait eclater, puis tout a coup un aneantissement la prenait, et, s'enfoncant la tete dans son oreiller, elle pleurait comme une enfant; mais ce n'etaient pas des larmes qu'il fallait, et alors s'indignant contre sa faiblesse, se raidissant contre son desespoir, elle se disait qu'elle devait etre digne de son amour pour son pere, aussi bien que de son amour pour Leon. Oui, c'etait cela, et cela seul qu'elle devait. Elle ne pouvait donc compter que sur elle seule, et, a cette pensee, elle se sentait si petite, si faible, si incapable que ses acces de desesperance la reprenaient: ah! miserable fille qu'elle etait, sans initiative et sans force. A qui s'adresser, a qui demander conseil? Il y avait dans sa chambre, qui avait ete autrefois celle de Camille, un portrait de Leon fait a l'epoque
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