prit une plume et ecrivit sous la
dictee du paysan vendeen les noms suivants:
"Georges Cadoudal, _Jehu ou la Tete-ronde_; Joseph Cadoudal,
_Judas Macchabee_; Lahaye Saint-Hilaire, _David_; Burban Malabry,
_Brave-la-Mort_; Poulpiquez, _Royal-Carnage_; Bonfils, _Brise-
Barriere_; Dampherne, _Piquevers_; Duchayla, _la Couronne_;
Duparc, _le Terrible_; la Roche, _Mithridate_; Puisage, _Jean le
Blond_."
-- Voila les successeurs des Charrette, des Stofflet, des
Cathelineau, des Bonchamp, des d'Elbee, des la Rochejacquelein et
des Lescure! dit une voix.
Le Breton se retourna vers celui qui venait de parler:
-- S'ils se font tuer comme leurs predecesseurs, dit-il, que leur
demanderez-vous?
-- Allons, bien repondu, dit Morgan; de sorte...?
-- De sorte que, des que notre general aura votre reponse, reprit
le paysan, il reprendra les armes.
-- Et si notre reponse eut ete negative...? demanda une voix.
-- Tant pis pour vous! repondit le paysan; dans tous les cas,
l'insurrection etait fixee au 20 octobre.
-- Eh bien, dit le president, le general aura, grace a nous, de
quoi payer son premier mois de solde. Ou est votre recu?
-- Le voici, dit le paysan tirant de sa poche un papier sur lequel
etaient ecrits ces mots:
"Recu de nos freres du Midi et de l'Est, pour etre employee au
bien de la cause, la somme de:
"GEORGES CADOUDAL,
"General en chef de l'armee royaliste de Bretagne."
La somme, comme on voit, etait restee en blanc.
-- Savez-vous ecrire? demanda le president.
-- Assez pour remplir les trois ou quatre mots qui manquent.
-- Eh bien, ecrivez: "Cent mille francs."
Le Breton ecrivit; puis, tendant le papier au president:
-- Voici le recu, dit-il; ou est l'argent?
-- Baissez-vous, et ramassez le sac qui est a vos pieds; il
contient soixante mille francs.
Puis, s'adressant a un des moines:
-- Montbar, ou sont les quarante autres mille? demanda-t-il.
Le moine interpelle alla ouvrir une armoire et en tira un sac un
peu moins volumineux que celui qu'avait rapporte Morgan, mais qui,
cependant, contenait la somme assez ronde de quarante mille
francs.
-- Voici la somme complete, dit le moine.
-- Maintenant, mon ami, dit le president, mangez et reposez-vous;
demain, vous partirez.
-- On m'attend la-bas, dit le Vendeen; je mangerai et je dormirai
sur mon cheval. Adieu, messieurs, le ciel vous garde!
Et il s'avanca, pour sortir, vers la porte par laquelle il etait
entre.
-- Atte
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