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long de la muraille, s'enroulaient autour des rinceaux de fer et
retombaient en festons, s'avancait au-dessous de cette fenetre et
surplombait le jardin.
Aux deux cotes de la fenetre, places sur le balcon meme, des
arbres a larges feuilles s'elancaient de leurs caisses et
formaient au-dessus de la corniche un berceau de verdure.
Une jalousie, montant et descendant a l'aide de cordes, faisait
une separation entre le balcon et la fenetre, separation qui
disparaissait a volonte.
C'etait a travers les interstices de la jalousie que Morgan avait
vu la lumiere.
Le premier mouvement du jeune homme, fut de traverser la pelouse
en droite ligne; mais, cette fois encore, les craintes dont nous
avons parle le retinrent.
Une allee de tilleuls longeait la muraille et conduisait a la
maison.
Il fit un detour et s'engagea sous la voute obscure et feuillue.
Puis, arrive a l'extremite de l'allee, il traversa, rapide comme
un daim effarouche, l'espace libre, et se trouva au pied de la
muraille, dans l'ombre epaisse projetee par la maison.
Il fit quelques pas a reculons, les yeux fixes sur la fenetre,
mais de maniere a ne pas sortir de l'ombre.
Puis, arrive au point calcule par lui, il frappa trois fois dans
ses mains.
A cet appel, une ombre s'elanca du fond de l'appartement, et vint,
gracieuse, flexible, presque transparente, se coller a la fenetre.
Morgan renouvela le signal.
Aussitot la fenetre s'ouvrit, la jalousie se leva, et une
ravissante jeune fille, en peignoir de nuit avec sa chevelure
blonde ruisselant sur ses epaules, parut dans l'encadrement de
verdure.
Le jeune homme tendit les bras a celle dont les bras etaient
tendus vers lui, et deux noms, ou plutot deux cris sortis du
coeur, se croiserent, allant au-devant l'un de l'autre.
-- Charles!
-- Amelie!
Puis le jeune homme bondit contre la muraille, s'accrocha aux
tiges des vigies, aux asperites de la pierre, aux saillies des
corniches, et en une seconde se trouva sur le balcon.
Ce que les deux beaux jeunes gens se dirent alors ne fut qu'un
murmure d'amour perdu dans un interminable baiser.
Mais, par un doux effort, le jeune homme entraina d'un bras la
jeune fille dans la chambre, tandis que l'autre lachait les
cordons de la jalousie, qui retombait bruyante derriere eux.
Derriere la jalousie la fenetre se referma.
Puis la lumiere s'eteignit, et toute la facade du chateau des
Noires-Fontaines se trouva dans l'obscurite.
Cette
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