e
dont on n'a pas d'idee. Elle peut tout et ne veut rien. Son avenir est
un mystere, un soleil sous les nuages. Le sentiment de l'independance et
de l'egalite des droits, malgre ses instincts de domination, n'est que
trop developpe en elle. Il faudra voir comment elle l'entendra et ce
qu'elle fera de sa puissance. Elle est tres flattee de votre envoi et
l'a colle clans son album avec les autographes les plus illustres.
Avez-vous un numero de la _Ruche populaire_ ou mon ami Vincard rend
compte de vos _Marines_? Le _Progres du Pas-de-Calais_, redige par mon
ami Degeorge, doit avoir fait aussi un article. Enfin, la _Phalange_
m'en a promis un. Si vous n'etes pas a meme de vous procurer ces
journaux, dites-le-moi, je vous les ferai envoyer; J'ai ecrit a mon
editeur Perretin de vous faire passer un exemplaire d'_Indiana_, et un
de tous ceux de la nouvelle edition, a mesure qu'ils paraitront.
Quant aux vers que vous m'adressez, je les garde pour moi jusqu'a nouvel
ordre. J'y suis sensible et j'en suis fiere. Mais il ne faut pas les
publier dans le prochain recueil; cela me generait pour le pousser
comme je veux le faire. J'aurais l'air de vous gouter parce que vous
me louez... Les sots n'y verraient pas autre chose, et diraient que je
travaille a m'elever des autels. Cela ferait tort a votre succes, si on
peut appeler succes la voix des journaux. Mais, toute mauvaise qu'elle
est, il la faut jusqu'a un certain point.
Adieu encore, et a vous de coeur.
Ne vous donnez pas la peine de recopier les vers que vous m'avez
envoyes. Je ne les egare pas, et, si je vous demande des changements
et des corrections, a ceux-la et aux autres, vous aurez bien assez
d'ouvrage. Ne vous fatiguez donc pas a ecrire plus qu'il ne faut. Je lis
parfaitement bien votre ecriture. Si je suis severe pour le fond, il
faudra que vous soyez courageux et patient. Il ne s'agit pas de faire
un second volume aussi bon que le premier. En poesie, qui n'avance pas
recule. Il faut faire beaucoup mieux. Je ne vous ai pas parle des taches
et des negligences de votre premier volume. Il y avait tant a admirer et
tant a s'etonner, que je n'ai pas trouve de place dans mon esprit
pour la critique. Mais il faut que le second volume n'ait pas ces
incorrections. Il faut passer maitre avant peu. Menagez votre sante
pourtant, mon pauvre enfant, et ne vous pressez pas. Quand vous n'etes
pas en train, reposez-vous et ne faites pas fonctionner le corps et
l'esprit a la fois
|