rriere glissa dans le sang. Coconnas s'elanca sur lui avec la
rapidite du chat-tigre, et lui traversa la poitrine de son epee.
-- Bien, bien, brave cavalier! cria la dame de l'hotel de Guise,
bien! je vous envoie du secours.
-- Ce n'est point la peine de vous deranger pour cela, madame! dit
Coconnas. Regardez plutot jusqu'au bout, si la chose vous
interesse, et vous allez voir comment le comte Annibal de Coconnas
accommode les huguenots.
En ce moment le fils du vieux Mercandon tira presque a bout
portant un coup de pistolet a Coconnas, qui tomba sur un genou.
La dame de la fenetre poussa un cri, mais Coconnas se releva; il
ne s'etait agenouille que pour eviter la balle, qui alla trouver
le mur a deux pieds de la belle spectatrice.
Presque en meme temps, de la fenetre du logis de Mercandon partit
un cri de rage, et une vieille femme, qui a sa croix et a son
echarpe blanche reconnut Coconnas pour un catholique, lui lanca un
pot de fleurs qui l'atteignit au dessus du genou.
-- Bon! dit Coconnas; l'une me jette des fleurs, l'autre les pots.
Si cela continue, on va demolir les maisons.
-- Merci, ma mere, merci! cria le jeune homme.
-- Va, femme, va! dit le vieux Mercandon, mais prends garde a
nous!
-- Attendez, monsieur de Coconnas, attendez, dit la jeune dame de
l'hotel de Guise; je vais faire tirer aux fenetres.
-- Ah ca! c'est donc un enfer de femmes, dont les unes sont pour
moi et les autres contre moi! dit Coconnas. Mordi! finissons-en.
La scene, en effet, etait bien changee, et tirait evidemment a son
denouement. En face de Coconnas, blesse il est vrai, mais dans
toute la vigueur de ses vingt-quatre ans, mais habitue aux armes,
mais irrite plutot qu'affaibli par les trois ou quatre
egratignures qu'il avait recues, il ne restait plus que Mercandon
et son fils: Mercandon, vieillard de soixante a soixante-dix ans;
son fils, enfant de seize a dix-huit ans: ce dernier pale, blond
et frele, avait jete son pistolet decharge et par consequent
devenu inutile, et agitait en tremblant une epee de moitie moins
longue que celle du Piemontais; le pere, arme seulement d'un
poignard et d'une arquebuse vide, appelait au secours. Une vieille
femme, a la fenetre en face, la mere du jeune homme, tenait a la
main un morceau de marbre et s'appretait a le lancer. Enfin
Coconnas, excite d'un cote par les menaces, de l'autre par les
encouragements, fier de sa double victoire, enivre de poudre et de
sang, eclaire par l
|