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econnut aussitot, c'etait celui qu'on venait de remettre a Georges. Et une tentation brulante, la premiere de sa vie, lui vint de lire, de savoir. Sa conscience revoltee luttait, mais la demangeaison d'une curiosite fouettee et douloureuse poussait sa main. Elle saisit le papier, l'ouvrit, reconnut aussitot l'ecriture, celle de Julie, une ecriture tremblee, au crayon. Elle lut: "Viens seul m'embrasser, mon pauvre ami, je vais mourir." Elle ne comprit pas d'abord, et restait la stupide, frappee surtout par l'idee de mort. Puis, soudain, le tutoiement saisit sa pensee; et ce fut comme un grand eclair illuminant son existence, lui montrant toute l'infame verite, toute leur trahison, toute leur perfidie. Elle comprit leur longue astuce, leurs regards, sa bonne foi jouee, sa confiance trompee. Elle les revit l'un en face de l'autre, le soir sous l'abat-jour de sa lampe, lisant le meme livre, se consultant de l'oeil a la fin des pages. Et, son coeur souleve d'indignation, meurtri de souffrance, s'abima dans un desespoir sans bornes. Des pas retentirent; elle s'enfuit et s'enferma chez elle. Son mari, bientot, l'appela. --Viens vite. Mme Rosset va mourir. Berthe parut sur sa porte et, la levre tremblante: --Retournez seul aupres d'elle, elle n'a pas besoin de moi. Il la regarda follement, abruti de chagrin, et il reprit: --Vite, vite, elle meurt. Berthe repondit: --Vous aimeriez mieux que ce fut moi. Alors il comprit peut-etre, et s'en alla, remontant pres de l'agonisante. Il la pleura sans dissimulation, sans pudeur, indifferent a la douleur de sa femme qui ne lui parlait plus, ne le regardait plus, vivait seule muree dans le degout, dans une colere revoltee, et priait Dieu matin et soir. Ils habitaient ensemble pourtant, mangeaient face a face, muets et desesperes. Puis il s'apaisa peu a peu; mais elle ne lui pardonnait point. Et la vie continua, dure pour tous les deux. Pendant un an, ils demeurerent aussi etrangers l'un a l'autre que s'ils ne se fussent pas connus. Berthe faillit devenir folle. Puis un matin etant partie des l'aurore, elle rentra vers huit heures portant en ses deux mains un enorme bouquet de roses, de roses blanches, toutes blanches. Et elle fit dire a son mari qu'elle desirait lui parler. Il vint inquiet, trouble. --Nous allons sortir ensemble, lui dit-elle; prenez ces fleurs, elles sont trop lourdes pour moi. Il prit le bouquet et suivit sa femme. U
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