oyaute
que lui offrait tout un peuple.
Alors, sur l'estrade et autour de l'estrade, sur toute la place
rugissante, ce ne fut qu'une enorme clameur, tandis que des milliers de
bras frenetiques agitaient des chapeaux ou des echarpes et que de toutes
les fenetres tombait une pluie de fleurs.
--Vive le roi! Vive le roi!...
Fausta leva au ciel un regard flamboyant. A ce moment, du fond de la rue
Saint-Antoine, arriva jusqu'a la place une rumeur sinistre.
--Les voila! Les voila!
Les cris de mort, des lors, se melerent aux acclamations.
--Vive le roi!... Mort aux huguenots!...
Les deux condamnees apparurent a l'encoignure de la place et furent
saluees par un hurlement sauvage, immense, capable de donner le frisson.
Guise venait de reprendre place dans son fauteuil. Derriere, sur lui, se
penchait a demi Fausta. Les yeux de Guise etaient braques sur Madeleine
Fourcaud qui, la premiere, faisait son entree sur la place.
--Belle fille! dit Guise.
Autour de lui on se mit a rire. Elle etait belle, en effet, avec ses
longs cheveux noirs, sa peau brune et mate, doree, semblait-il, comme si
elle eut ete la descendante de quelque gitane.
L'enorme hurlement funebre se dechaina plus violent, plus apre, plus
sauvage... Madeleine atteignit le bucher qui lui etait destine!...
Madeleine!... Flora.... la fille ainee de Belgodere.
Elle jeta autour d'elle un regard mourant qu'emplissait la supreme
angoisse de la mort. Au meme instant, elle fut saisie par les aides,
accrochee par le cou, et une acclamation retentit: Madeleine Fourcaud,
vetue de sa longue tunique blanche, se balancait au bout de la corde...
Guise regardait et repetait:
--Belle fille, par ma foi! belle...
Le dernier mot s'etrangla dans sa gorge. Ses yeux exorbites venaient de
se fixer sur la deuxieme condamnee qu'on trainait a son bucher.
--A l'autre! hurlait le peuple.
Et, cette autre. Guise la voyait! Cette autre, c'etait celle qui hantait
ses reves, celle qu'il aimait enfin, c'etait Violetta!...
Toute blanche dans sa robe blanche, aureolee de ses cheveux d'or, elle
marchait, sans comprendre peut-etre, et ses yeux d'un bleu presque
violet erraient avec une douceur etonnee sur ce peuple qui hurlait a la
mort. Tout a coup, elle vit le gibet! Elle vit le bucher! Elle eut un
geste d'indicible terreur et elle se raidit...
Guise poussa un rauque soupir. Comment Violetta etait-elle la, pres du
bucher, a la place de Jeanne Fourcaud! Il n'y avait p
|