ant sur l'estrade,
Fausta, haletante, rugissait une supreme imprecation de rage... Que se
passait-il?...
Les chevaux de l'escorte, pris de folie sans doute, s'etaient
debandes... Pres de quatre cents chevaux laches, furieux, hennissant,
ruant, affoles encore par les cris de detresse, renversant des groupes,
les ecartant, les culbutant de leurs poitrails, d'autres se heurtant, se
mordant, tombant, se relevant et reprenant leur course insensee...
Comment?... Pourquoi cette folie soudaine?
A la seconde ou les truands furent disperses, ou les gardes se
reformerent, ou les gentilshommes se ruerent, ou Charles fut place, jete
a cheval avec Violetta, Pardaillan bondit sur le laquais le plus proche
de lui, et l'envoya rouler sur le sol d'une furieuse poussee; en meme
temps, il se mit a cravacher les chevaux de sa rapiere: la rapiere
transformee en cravache cingla des croupes, fouetta des naseaux, zebra
d'estafilades sanglantes des poitrails et des encolures...
Et les chevaux, fous de douleur, se cabrant, se dressant, se mordant et
ruant, se precipiterent en une galopade eperdue. Pardaillan s'elanca
sur un deuxieme groupe; meme manoeuvre, memes cinglements, meme fuite
enragee des betes affolees...
Maintenant, c'etaient les chevaux eux-memes qui faisaient sa besogne!...
Charles d'Angouleme, fou de stupefaction devant ce prodigieux spectacle,
entendit tout a coup une voix eclatante:
--En avant, par tous les diables!
Il vit Pardaillan pres de lui... Pardaillan monte sur un cheval qu'il
venait d'arreter par la bride... Pardaillan ruisselant de sang et de
sueur, terrible, flamboyant, qui s'elanca vers le pont de Greve ou il
n'y avait plus personne, c'est-a-dire vers le fleuve, la foule ayant
redoute d'etre poussee a l'eau, et ayant fui partout par les rues.
Charles suivit...
--Fuyez, dit Pardaillan. Gagnez votre hotel et attendez-moi la...
--Et vous? haleta le jeune duc.
--On nous poursuit. Je vais tacher de les entrainer, Si nous fuyons
ensemble on saura ou nous sommes!
Pardaillan, levant sa rapiere, cingla la croupe du cheval de Charles,
qui partit a fond de train. Quant a lui, il demeura sur place, immobile,
regardant d'un oeil etrange la tunique blanche de Violetta qui
s'envolait, et bientot disparut au loin... Charles etait sauve!...
Violetta etait sauvee!
A ce moment, tout pres de lui, un long hurlement venant de la place de
Greve retentit.
Guise et Fausta etaient demeures seuls, pres de l'estrad
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