ites." Il voyait clairement que "c'est un mauvais
systeme pour detruire quelque chose que de commencer par le fortifier.
Et ce serait augmenter la force de resistance de l'Etat que de favoriser
l'accaparement par lui des moyens de production, c'est-a-dire de
domination."
Et que font ces messieurs maintenant, sinon fortifier l'Etat et
favoriser l'accaparement des moyens de production?
De meme M. Jules Guesde voulait detruire l'Etat. Dans son _Catechisme
socialiste_ qu'il abjure solennellement desormais, il demandait d'une
facon formelle aux socialistes reformateurs de l'Etat, "s'il est, je ne
dis pas necessaire, mais prudent de confondre sous une meme denomination
des buts aussi differents que la liberte, le bien-etre de tous et
l'exploitation du plus grand nombre par quelques-uns, poursuivis par des
moyens aussi differents que le libre concours des volontes et des bras
et la coercition en tout et pour tout? N'est-ce pas preter inutilement
le flanc a nos adversaires, pour qui le socialisme ne poursuit pas
l'emancipation de l'etre humain dans la personne de chacun des membres
de la collectivite, mais la conquete du pouvoir au profit d'une minorite
ou d'une majorite d'ambitieux, jaloux de dominer, de regner, d'exploiter
a leur tour"?
Consentira-t-il, maintenant qu'il a pris place dans les rangs de ces
ambitieux, a ecrire la meme chose? Nous lui disons: voyez votre image
dans le miroir du _Catechisme socialiste_ et dites-nous si vous n'etes
pas frappe de la ressemblance entre les ambitieux d'antan et le Guesde
d'aujourd'hui! Dites-nous si vous n'auriez pas de raison pour rougir de
vous-meme?
Mais combien le Parti Ouvrier a-t-il degenere! ne lisons-nous pas encore
dans le programme du Parti Ouvrier, publie par Guesde et Lafargue: "Le
Parti Ouvrier n'espere pas arriver a la solution du probleme social par
la conquete du pouvoir administratif dans la commune. Il ne croit pas,
il n'a jamais cru que, meme debarrassee de l'obstacle du pouvoir
central, la voie communale puisse conduire a l'emancipation ouvriere et
que, a l'aide des majorites municipales socialistes, des reformes
sociales soient possibles et des realisations immediates".
Le point de vue a change et ils le voient bien maintenant. L'influence
des chefs du parti social-democrate allemand a ete grande, car c'est en
se modelant sur lui que le parti ouvrier francais a devie et il est alle
plus loin encore, car la copie depasse presque toujours l'original.
Es
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