er. Je pris
l'air le plus surpris qu'il me fut possible, et je m'approchai d'elles.
Mais a ce moment le conducteur s'avanca et me dit qu'on n'attendait plus
que moi pour partir.
Qu'allait-elle faire?
Madame Lieutaud paraissait disposee a la retenir, cela etait manifeste
dans son air inquiet et grognon; mais, d'un autre cote, Clotilde
paraissait decidee a monter en voiture.
--Je vais ecrire un mot a ton pere; Francois le lui remettra en
arrivant, dit madame Lieutaud a voix basse.
--Cela n'en vaut pas la peine, repliqua Clotilde, et pere ne serait pas
content. Adieu, cousine.
Et sans attendre davantage, sans vouloir rien ecouter, elle monta dans
le coupe legerement, gracieusement.
Je montai derriere elle, et l'on ferma la portiere.
Enfin.... Je respirai.
Mais nous ne partimes pas encore. Le conducteur, si presse tout a
l'heure, avait maintenant mille choses a faire. Les voyageurs enfermes
dans sa voiture, il etait tranquille.
Madame Lieutaud fit le tour de la voiture et se haussant jusqu'a
la portiere occupee par Clotilde, elle engagea avec celle-ci une
conversation etouffee. Quelques mots seulement arrivaient jusqu'a moi.
L'une faisait serieusement et d'un air desole des recommandations,
auxquelles l'autre repondait en riant.
Le conducteur monta sur son siege, madame Lieutaud abandonna la
portiere, les chevaux, excites par une batterie de coups de fouet,
partirent comme s'ils enlevaient la malle-poste.
J'avais attendu ce moment avec une impatience nerveuse; lorsqu'il fut
arrive je me trouvai assez embarrasse. Il fallait parler, que dire? Je
me jetai a la nage.
--Je ne savais pas avoir le bonheur de vous revoir sitot, mademoiselle,
et en vous quittant l'autre nuit chez madame Bedarrides, je n'esperais
pas que les circonstances nous feraient rencontrer, aujourd'hui, dans
cette voiture, sur la route de Cassis.
Elle avait tourne la tete vers moi, et elle me regardait d'un air qui
me troublait; aussi, au lieu de chercher mes mots, qui se presentaient
difficilement, n'avais-je qu'une idee: me trouvait-elle dangereux ou
ridicule?
Apres etre venu a bout de ma longue phrase, je m'etais tu; mais comme
elle ne repondait pas, je continuai sans avoir trop conscience de ce que
je disais:
--C'est vraiment la un hasard curieux.
--Pourquoi donc curieux? dit-elle avec un sourire railleur.
--Mais il me semble....
--Il me semble qu'un vrai hasard a toujours quelque chose d'etonnant;
s'il a quelq
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