le pere Huet, et ses neveux, qui se jalousent, ont
fait tout de suite apposer les scelles."
La deception etait contrariante pour Adeline, car elle renversait tout
son plan: a cette heure de la soiree, les maisons ou il aurait pu se
procurer la somme qui lui manquait etaient fermees, et par la il se
trouvait dans l'impossibilite d'aller au _Grand I_ pour payer sa dette
et pour y signer sa demission sur son bureau qu'il ouvrirait une
derniere fois.
Il resta un moment dans la rue, ne sachant de quel cote tourner.
A la verite il devait se dire que c'etait la un retard insignifiant, et
qu'il serait encore parfaitement temps de demissionner le lendemain;
mais cependant il etait mecontent, agace, comme lorsqu'on est arrete par
un incident qu'on n'a pas prevu. Il avait prepare sa lettre, prepare
aussi sa phrase d'adieu a Frederic; il etait ennuye de les garder.
Justement parce qu'il pensait a son cercle, ses pas le porterent
machinalement avenue de l'Opera; et arrive devant sa porte il monta:
apres tout, autant diner la qu'ailleurs.
Quand Frederic et Barthelasse le virent entrer, ils echangerent un
sourire de soulagement. Ce n'etait pas une lettre, la lettre de
demission qu'ils attendaient presque, c'etait lui; puisqu'il revenait,
rien n'etait perdu.
Frederic l'accapara pour lui raconter l'expulsion de Julien et de
Theodore.
--J'ai profite de l'occasion pour inspirer une sainte frayeur a tout le
personnel: Je vous promets que l'exemple sera salutaire. Vous verrez.
Mais ce fut a peine si Adeline l'ecouta. Que lui importait ce qui se
passerait au _Grand I_ dans quelques jours?
Frederic se retira donc assez deconfit et alla faire part de cette
mauvaise reception a Barthelasse.
--Toujours dans les memes dispositions, dit-il; il doit avoir sa
demission dans sa poche.
--Il faut l'appuyer si bien avec des billets de banque qu'elle ne puisse
pas en sortir: je vais preparer la sequence.
--Taillera-t-il?
--En le poussant.
--Envoyez chercher le baron et Salzman.
A table, Adeline oublia sa deception et se derida: justement c'etait le
jour des invitations et elles avaient amene de nombreux convives. A cote
d'etrangers qu'il n'avait jamais vus se trouvaient des habitues, des
amis. Le menu etait reussi; on racontait des histoires droles; il se
laissa d'autant plus facilement aller que c'etait la derniere fois qu'il
faisait fonction de president, et peu a peu il retrouva les agreables
sensations de ses premie
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