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rconstance. Voila ce dont je m'acquitte, mon cher Jacques, avec beaucoup de chagrin et de repugnance, comme tu peux croire; mais enfin il le faut. Ce n'est pas une petite responsabilite que d'avoir a garder intacte la vertu d'une lemme jeune et jolie comme la tienne. J'ai fait de mon mieux, mais je ne puis empecher qu'on se moque de moi; une femme en sait plus long qu'un homme sous ce rapport. Me taire serait tolerer et encourager le mal, et preter ma maison a un commerce dont ma femme et moi semblerions complices. Je te transmets donc les faits tels qu'ils sont, tu en feras l'usage que tu voudras. Il y a quinze jours, ou pour mieux dire quinze nuits, j'entendis passer et repasser quelqu'un sous ma fenetre a deux heures du matin. Mon grand levrier, qui dort toujours au pied de mon lit, s'elanca en hurlant vers la croisee entr'ouverte, et, a ma grande surprise, ce fut le seul chien de la maison qui prit la chose en mauvaise part. Tous les autres, bien qu'accoutumes a faire leur devoir, ne disaient mot, et je pensai que c'etait quelqu'un de la maison. J'appelai, je criai _qui vive?_ plusieurs fois, personne ne repondit; je pris une simple canne a epee et je sortis, mais je ne trouvai personne, et madame Fernande qui etait a sa fenetre, m'assura n'avoir rien vu et rien entendu. Cela me parut singulier et invraisemblable; mais je n'en temoignai rien, et je me tins sur mes gardes les nuits suivantes. Deux nuits apres j'entendis tres-distinctement les memes pas, mon levrier fit le mene tapage; mais je l'apaisai et je descendis dans le jardin sans faire de bruit. Je vis fuir d'un cote un homme et de l'autre une femme, qui n'etait ni plus ni moins que la tienne. Je ne me montrai pas a elle dans cet instant; mais le lendemain, au dejeuner, j'essayai de lui faire entendre que je m'etais apercu de quelque chose; elle ne voulut pas comprendre. Neanmoins le galant ne revint plus. J'avais eu d'abord l'intention d'avoir une explication formelle avec ta femme; mais la mienne m'en empecha, elle s'en etait deja chargee; et pour ne pas affliger Fernande, comme les femmes entre elles connaissent mieux les petits menagements, elle lui avait dit qu'elle seule avait decouvert son intrigue. Madame Fernande avait repondu, avec force larmes et attaques de nerfs, qu'elle avait en effet inspire une violente passion a un pauvre jeune fou pour lequel elle n'avait que de l'amitie, et qu'elle avait ecoute par compassion au moment de l'eloigner d'elle
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