t--proportion des tues pour l'etat-major. Voyons pour l'equipage.
Monsieur de Corlaix, combien comptiez-vous d'hommes?
CORLAIX. Deux cent cinquante, Amiral, dont cent vingt-quatre ont
survecu.
LUTZEN. Cent vingt-quatre. Cent vingt-quatre sur deux cent cinquante,
disons _grosso modo_ la moitie. Et par consequent pour l'equipage,
proportion des tues: cinquante pour cent! Cinquante au lieu de
quatre-vingt-douze. Comment l'expliquez-vous Corlaix?
CORLAIX. Sitot que la torpille allemande nous eut frappes, je fis
rappeler aux postes d'evacuation ... L'ennemi etait deja coule bas a ce
moment, Amiral ... Le temps manquait pour mettre aucune embarcation a la
mer, mais des barques de peche etaient alentour. Mes officiers
rallierent leurs postes dans les fonds et y resterent jusqu'a la fin,
puisqu'ils n'eurent pas le temps de faire sortir tous leurs hommes
devant eux.
LUTZEN. C'est ce que je pensais. Autrement dit, vingt-deux officiers
francais sont morts pour sauver cent vingt-quatre matelots francais et
pour essayer d'en sauver davantage. Ils n'on fait que leur devoir, et je
n'en aurais pas ouvert la bouche, s'il n'etait pas utile que le pays en
fut informe.
FOLGOET. Greffier, appelez Monsieur Brambourg a la barre. [A Le Duc.]
Toi, va-t'en.
LUTZEN. Pardon, Amiral ... avant que celui-ci s'en aille ...
FOLGOET. Mon cher Amiral, c'est moi qui vous demande pardon! Greffier!
tiens bon!
LUTZEN [a Le Duc]. Accoste ici, toi. C'est Le Duc qu'on t'appelle, hein?
Ca va comme ca, espere un peu ... Tantot tu nous as explique que pour les
choses avant qu'on eut rappele aux postes de combat, tu ne te rappelles
rien. Mais pour les choses apres? Tu es un peu la, hein, pour te les
rappeler les choses apres?
LE DUC [a l'aise]. Pour sur comme vous dites, Amiral.
LUTZEN. Bon ca. Alors, ecoute voir. Sitot que le clairon eut rappele ...
qu'est-ce que tu as fait?
LE DUC. Je m'ai foutu la gueule par terre, Amiral, rapport a ca qu'il
nous est arrive quasi tout de suite un obus droit dans la passerelle,
autant dire. Meme que j'ai point seulement eu la chance d'etre blesse!
LUTZEN. Bon. Alors puisque tu n'etais point blesse, tu t'es ramasse. Et
sitot ramasse, qu'est-ce que tu as encore fait?
LE DUC. J'ai couru a mon canon, donc!
LUTZEN. Et tu as tire, hein? C'est toi qui as coule le Boche, je parie?
LE DUC. Pour sur, oui, c'est moi ... moi ... avec les autres.
LUTZEN. Et apres?
LE DUC. Apres?
LUTZEN. Apres que la t
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