gnoagny pour le veoir, ou par tout trouverent les maisons si plaines
de gens, que on si povoit remuer: lesquelz on n'avoit accoustume de
veoir, & ne voulut permettre ledict Taignoagny que ledict serviteur
allast es aultres maisons; ains les convoya vers les navires la moytie
du chemin, & leur dict que si le cappitaine luy vouloit faire ce plaisir
de prendre ung seigneur du pays nomme Agouanna, lequel luy avoit faict
desplaisir, & l'emmener en France qu'il seroit tenu a luy: Et feroit
tout ce que vouldroit ledit cappitaine, & que ledict serviteur
retournast le lendemain dire la responce.
Quand le cappitaine fut adverty du grand nombre de gens qui estoyent
audict lieu, ne scavoit a quelle fin, se deslibera leur jouer finesse.
Et prendre leur seigneur Taignoagny, Dom Agaya & des principaulx. Aussi
qu'il estoit bien deslibere de mener le dict seigneur en France pour
compter & dire au Roy ce qu'il avoit veu es pais Accidentaulx, des
merveilles du monde. Car il nous a certiffie avoir este a la terre de
Saguenay, en laquelle y a infini or, rubis & aultres richesses. Et y
sont les hommes blancs comme en France & accoutrez de dras de laynes.
Plus dict avoir veu autre pays, ou les gens ne mengent poinct & ne ont
point de fondement, & ne digerent point ains font seulement eaue par la
verge. Plus dict avoir este en autre pais de Picquemyans & autres
pais, ou les gens n'ont que une jambe. Et autres merveilles longues a
racompter. Ledict seigneur est homme ancien, & ne cessa jamais d'aller
par pais, depuis sa congnoissance, tant par fleuves, rivieres que par
terre.
Apres que lesdictz Poullet & serviteur eurent fait leur message, & dist
au cappitaine ce que ledict Taignoagny lui mandoit, renvoya ledict
cappitaine son dict serviteur le lendemain dire audict Taignoagny qu'il
le vint veoir, & luy dire ce qu'il vouloit, & qu'il lui feroit bonne
chere & partie de son vouloir. Ledict Taignoagny luy manda qu'il
viendroit le lendemain, & qu'il admeneroit le seigneur Donnacona & celuy
qui luy avoit faict desplaisir, ce que ne feist: Ains fut deux jours
sans venir, pendant lequel temps ne veint personne es navires dudict
Stadacone comme avoient de coustume, mais nous fuyoient comme [Page 41]
si les eussions voulu tuer. Lors apperceusmes leur mauvaistie, Et parce
qu'ilz furent advertiz que ceulx de Sicadin alloient & venoient entour
nous, & que leur avions habandonne le fond du navire que laissions pour
avoir les viel cloud, vindrent dudict S
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