ais la entre deux hommes, l'un qui
me disait: "Reviens a moi, je reparerai mes torts, je t'aimerai, je
mourrai sans toi." Et l'autre, qui disait tout bas, dans mon autre
oreille: "Faites attention, vous etes a moi, il n'y a plus a en
revenir, mentez! Dieu le veut, Dieu vous absoudra." Ah! pauvre femme!
pauvre femme! c'est alors qu'il fallait mourir!
Suspendons un moment ce resume banal et froid de la precieuse
confession. Aussi bien presente-t-elle ici une lacune de plusieurs
jours. Et revenons a Sainte-Beuve.--Il est alle voir George Sand. Il a
consenti a prier Musset de ne point abandonner la malheureuse. Mais
le poete est decide a ne pas reprendre sa chaine. Il ecrit donc au
complaisant intercesseur:
Je vous suis bien reconnaissant, mon ami, de l'interet que vous avez
bien voulu prendre, dans ces tristes circonstances, a moi et a la
personne dont vous me parlez aujourd'hui. Il ne m'est plus possible
maintenant de conserver, sous quelque pretexte que ce soit, des
relations avec elle, ni par ecrit ni autrement. J'espere que ses amis
ne croiront pas voir dans cette resolution aucune intention offensante
pour elle, ni aucun dessein de l'accuser en quoi que ce soit. S'il y a
quelqu'un a accuser la dedans, c'est moi, qui, par une faiblesse bien
mal raisonnee, ai pu consentir a des visites fort dangereuses sans
doute, comme vous me le dites vous-meme. Madame Sand sait parfaitement
mes intentions presentes, et si c'est elle qui vous a prie de me dire
de ne plus la voir, j'avoue que je ne comprends pas bien par quel
motif elle l'a fait, lorsque hier soir meme, j'ai refuse positivement
de la recevoir a la maison...
Il ajoute qu'il espere bien que ses bonnes relations avec Sainte-Beuve
se maintiendront: "Vous feriez de moi un _cruel_ si vous me laissiez
croire que pour vous voir il faut que je sois brouille avec ma
maitresse[141]."
[Note 141: Lettre publiee par M. de Lovenjoul, article cite, p. 439.]
George Sand a compris que Musset etait excede. Elle va essayer de la
resignation. Elle ecrit a Sainte-Beuve le 28 novembre[142]:
[Note 142: _Id._, p. 439.]
Tachez, mon ami, de venir me voir aujourd'hui. Je vous espere et ne
vous ecris que pour etre sure. Je n'ai plus meme l'espoir de terminer
doucement cet amour si orageux et si cruel. Il faut qu'il se brise et
mon coeur avec!
Il faut de la force, donnez-m'en; ne cherchez plus a me faire esperer,
c'est pire. Ne vou
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