lerins, la situation de la ville y amenait les marchands, la
prosperite que lui valait l'affluence des uns et des autres l'exposait
aux incursions des Libyens: elle a, aujourd'hui encore, deux forts
presque intacts. Le plus vieux est comme le noyau du monticule que les
Arabes appellent le Kom-es-soultan, mais l'interieur seul en a ete
deblaye jusqu'a 3 ou 4 metres au-dessus du sol antique; le trace
exterieur des murs n'a pas ete degage des decombres et du sable qui
l'entourent. Dans l'etat actuel, c'est un parallelogramme en briques
crues de 125 metres de long sur 68 metres de large. Le plus grand axe en
est tendu du sud au nord. La porte principale s'ouvre dans le mur ouest,
non loin de l'angle nord-ouest; mais deux portes de moindre importance
paraissent avoir ete menagees dans le front sud et dans celui de l'est.
Les murailles ont perdu quelque peu de leur elevation; elles mesurent
pourtant de 7 a 11 metres de haut et sont larges d'environ 2 metres au
sommet. Elles ne sont pas baties d'une seule venue, mais se partagent en
grands panneaux verticaux, facilement reconnaissables a la disposition
des materiaux. Dans le premier, tous les lits de briques sont
rigoureusement horizontaux; dans le second, ils sont legerement concaves
et forment un arc renverse, tres ouvert, dont l'extrados s'appuie sur le
sol; l'alternance des deux procedes se reproduit regulierement. La
raison de cette disposition est obscure: on dit que les edifices ainsi
construits resistent mieux aux tremblements de terre. Quoi qu'il en
soit, elle est fort ancienne, car, des la Ve dynastie, les familles
nobles d'Abydos envahirent l'enceinte et l'emplirent de leurs tombeaux
an point de lui enlever toute valeur strategique. Une seconde
forteresse, edifiee a quelque cent metres au sud-est, remplaca celle du
Kom-es-soultan vers la XVIIIe dynastie, mais faillit avoir le meme sort
sous les Ramessides; la decadence subite de la ville l'a seule protegee
contre l'encombrement. Les Egyptiens des premiers temps ne possedaient
aucun engin capable de faire impression sur des murs massifs. Ils
n'avaient que trois moyens pour enlever de vive force une place fermee:
l'escalade, la sape, le bris des portes. Le trace impose par leurs
ingenieurs au second fort est des mieux calcules pour resister
efficacement a ces trois attaques (Fig.23). Il se compose de longs
cotes en ligne droite, sans tours ni saillants d'aucune sorte, mesurant
131m,30 sur les fronts est et ouest, 78 met
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