i que
Gillonne etait venue une fois, en son propre nom, bien entendu,
pour savoir des nouvelles du blesse. Cette visite avait fait
l'effet d'un rayon de soleil dans un cachot, et La Mole en etait
reste comme ebloui, attendant toujours une seconde apparition,
laquelle, quoiqu'il se fut ecoule deux jours depuis la premiere,
ne venait point.
Aussi, quand la nouvelle fut apportee au convalescent de cette
reunion splendide de toute la cour pour le lendemain, fit-il
demander a M. d'Alencon la faveur de l'accompagner.
Le duc ne se demanda pas meme si La Mole etait en etat de
supporter cette fatigue; il repondit seulement:
-- A merveille! Qu'on lui donne un de mes chevaux. C'etait tout ce
que desirait La Mole. Maitre Ambroise Pare vint comme d'habitude
pour le panser. La Mole lui exposa la necessite ou il etait de
monter a cheval et le pria de mettre un double soin a la pose des
appareils. Les deux blessures, au reste, etaient refermees, celle
de la poitrine comme celle de l'epaule, et celle de l'epaule seule
le faisait souffrir. Toutes deux etaient vermeilles, comme il
convient a des chairs en voie de guerison. Maitre Ambroise Pare
les recouvrit d'un taffetas gomme fort en vogue a cette epoque
pour ces sortes de cas, et promit a La Mole que, pourvu qu'il ne
se donnat point trop de mouvement dans l'excursion qu'il allait
faire, les choses iraient convenablement.
La Mole etait au comble de la joie. A part une certaine faiblesse
causee par la perte de son sang et un leger etourdissement qui se
rattachait a cette cause, il se sentait aussi bien qu'il pouvait
etre. D'ailleurs, Marguerite serait sans doute de cette cavalcade;
il reverrait Marguerite, et lorsqu'il songeait au bien que lui
avait fait la vue de Gillonne, il ne mettait point en doute
l'efficacite bien plus grande de celle de sa maitresse.
La Mole employa donc une partie de l'argent qu'il avait recu en
partant de sa famille a acheter le plus beau justaucorps de satin
blanc et la plus riche broderie de manteau que lui put procurer le
tailleur a la mode. Le meme lui fournit encore les bottes de cuir
parfume qu'on portait a cette epoque. Le tout lui fut apporte le
matin, une demi-heure seulement apres l'heure pour laquelle La
Mole l'avait demande, ce qui fait qu'il n'eut trop rien a dire. Il
s'habilla rapidement, se regarda dans un miroir, se trouva assez
convenablement vetu, coiffe, parfume pour etre satisfait de lui-
meme; enfin il s'assura par plusieurs tour
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