FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   66   67   68   69   70   71   72   73   74   75   76   77   78   79   80   81   82   83   84   85   86   87   88   89   90  
91   92   93   94   95   96   97   98   99   100   101   102   103   104   105   106   107   108   109   110   111   112   113   114   115   >>   >|  
s la chambre. De temps en temps il s'approchait de la jeune fille, s'arretait devant elle, et la regardait d'un air presque paternel. La jeune fille, alors, etendait le bras, soulevait la bouteille avec un empressement mele d'une sorte de repugnance involontaire, et remplissait le verre. Le vieillard buvait un petit coup, puis recommencait a marcher, tout en gesticulant d'une facon singuliere et presque ridicule, pendant que la jeune fille, souriant d'un air triste, suivait ses mouvements avec attention. Il eut ete difficile, a qui se fut trouve la, de deviner quelles etaient ces deux personnes: l'une, immobile, froide, pareille au marbre, mais pleine de grace et de distinction, portant sur son visage et dans ses moindres gestes plus que ce qu'on appelle ordinairement la beaute; l'autre, d'une apparence tout a fait vulgaire, les habits en desordre, le chapeau sur la tete, buvant du gros vin de cabaret, et faisant resonner sur le parquet les clous de ses souliers. C'etait un etrange contraste. Ces deux personnes etaient pourtant liees par une amitie bien vive et bien tendre. C'etait Camille et l'oncle Giraud. Le digne homme etait venu a Chardonneux lorsque madame des Arcis avait ete portee d'abord a l'eglise, puis a sa derniere demeure. Sa mere etant morte et son pere absent, la pauvre enfant se trouvait alors absolument seule en ce monde. Le chevalier, ayant une fois quitte sa maison, distrait par son voyage, appele par ses affaires et oblige de parcourir plusieurs villes de la Hollande, n'avait appris que fort tard la mort de sa femme; en sorte qu'il se passa pres d'un mois, pendant lequel Camille resta, pour ainsi dire, orpheline. Il y avait bien, il est vrai, a la maison une sorte de gouvernante qui avait charge de veiller sur la jeune fille; mais la mere, de son vivant, ne souffrait point de partage. Cet emploi etait une sinecure; la gouvernante connaissait a peine Camille, et ne pouvait lui etre d'aucun secours dans une pareille circonstance. La douleur de la jeune fille a la mort de sa mere avait ete si violente, qu'on avait craint longtemps pour ses jours. Lorsque le corps de madame des Arcis avait ete retire de l'eau et apporte a la maison, Camille accompagnait ce cortege funebre en poussant des cris de desespoir si dechirants que les gens du pays en avaient presque peur. Il y avait, en effet, je ne sais quoi d'effrayant dans cet etre qu'on etait habitue a voir muet, doux et tranquille, et qui sortait tout
PREV.   NEXT  
|<   66   67   68   69   70   71   72   73   74   75   76   77   78   79   80   81   82   83   84   85   86   87   88   89   90  
91   92   93   94   95   96   97   98   99   100   101   102   103   104   105   106   107   108   109   110   111   112   113   114   115   >>   >|  



Top keywords:
Camille
 

maison

 

presque

 
etaient
 

madame

 
pareille
 

gouvernante

 

personnes

 

pendant

 

villes


parcourir

 
effrayant
 

affaires

 

oblige

 

Hollande

 

plusieurs

 

lequel

 

appris

 

appele

 
distrait

enfant

 

trouvait

 
absolument
 

tranquille

 

pauvre

 

sortait

 

absent

 
quitte
 

habitue

 
chevalier

voyage

 

accompagnait

 

pouvait

 

apporte

 
emploi
 

sinecure

 

cortege

 
connaissait
 

douleur

 

violente


longtemps

 
Lorsque
 

circonstance

 

secours

 

retire

 

funebre

 

avaient

 

orpheline

 

craint

 

charge