le de devenir
eligible par contrat de mariage. Il se nourrissait des plus doux
projets, et attendait, pour avouer sa veritable situation, qu'il eut
inspire un amour assez violent pour la faire accepter; mais il avait
une ennemie qui devait lui barrer le chemin, c'etait la vicomtesse de
Chailly.
Quoiqu'elle n'eut plus d'amour pour lui, elle avait espere le voir
ramper devant elle, conformement aux predictions du marquis de Vernes,
aussitot qu'elle l'aurait abandonne; mais le marquis, en jugeant Horace
orgueilleux en amour, s'etait trompe. Horace n'etait que vain, et son
inconstance, jointe a sa bonte naturelle, l'empechait de concevoir un
depit serieux. Il vit bien que la vicomtesse etait retournee au comte de
Meilleraie; mais comme elle le recevait avec une apparente bienveillance
et l'admettait au rang de ses amis, il se tint pour satisfait, et
continua a la voir sans amertume et sans pretention. C'eut ete pour
tous deux le meilleur etat de choses; mais Horace ne pouvait passer une
semaine sans commettre une faute grave. Il aimait a se griser, pour
etouffer peut-etre quelques secrets remords. A la suite d'un dejeuner
au Cafe de Paris, il s'enivra, devint expansif, vantard, et se laissa
arracher l'aveu de ses succes aupres de la vicomtesse. Un de ceux qui
l'aiderent perfidement a cette confession haissait Leonie, et voyait
intimement le comte de Meilleraie. Des le lendemain, ce dernier fut
informe de l'infidelite de sa maitresse. Il lui fit, non pas une scene,
il ne l'aimait pas assez pour s'emporter, mais de piquants reproches,
qui la blesserent profondement. Des lors, Horace fut l'objet de la haine
implacable de cette femme. Elle connaissait assez particulierement la
veuve qu'il courtisait, et deja elle s'etait apercue de la tournure
que prenait cette liaison. Elle lui temoigna de l'amitie, gagna sa
confiance, et la degouta d'Horace en lui disant ce simple mot: C'est
un homme _qui parle_. Horace fut econduit brusquement. Il lutta, et sa
defaite n'en fut que plus honteusement Consommee.
[Illustration: C'etait la vraie fille de Lucifer.]
Cette mortification cruelle ne pouvait arriver dans un plus facheux
moment. Son second roman venait de paraitre, et il n'etait pas bon.
Horace avait epuise dans le premier la petite somme de talent qu'il
avait amassee, parce qu'il y avait depense la petite somme d'emotion
qu'il avait recue. Il eut fallu, pour produire un nouvel ouvrage, que
sa vie interieure fut renouvelee assez r
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