ine de Monpavon, que la coiffe de la vieille femme les
recevant sur le perron avait choque d'abord, fit place a un sourire
condescendant. Il y avait de quoi faire certainement et, guide par des
gens de gout, leur ami Jansoulet pouvait donner a l'altesse maugrabine
une reception fort convenable. Toute la soiree il ne fut question que
de cela entre eux. Les coudes sur la table, dans la salle a manger
somptueuse, enflammes et repus, ils combinaient, discutaient.
Cardailhac, qui voyait grand, avait deja tout son plan fait.
"D'abord, carte blanche, n'est-ce pas, Nabab?
--Carte blanche, mon vieux. Et que le gros Hemerlingue en creve de male
rage."
Alors le directeur racontait ses projets, la fete divisee en journees
comme a Vaux quand Fouquet recut Louis XIV; un jour la comedie, un autre
jour les fetes provencales, farandoles, taureaux, musiques locales; le
troisieme jour... Et deja avec sa manie directoriale il esquissait des
programmes, des affiches, pendant que Bois-l'Hery, les deux mains dans
ses poches, renverse sur sa chaise, dormait, le cigare cale dans un coin
de sa bouche ricaneuse, et que le marquis de Monpavon toujours a la
tenue redressait son plastron a chaque instant pour se tenir eveille.
De bonne heure, Gery les avait quittes. Il etait alle se refugier
pres de la vieille maman qui l'avait connu tout jeune, lui et ses
freres,--dans l'humble parloir du pavillon aux rideaux blancs, aux
tentures claires chargees d'images ou la mere du Nabab essayait de faire
revivre son passe d'artisane a l'aide de quelques reliques sauvees du
naufrage.
Paul causait doucement en face de la belle vieille aux traits reguliers
et severes, aux cheveux blancs et masses comme le chanvre de sa
quenouille, et qui tenait droit sur sa chaise son buste plat serre dans
un petit chale vert, n'ayant de sa vie appuye son dos a un dossier
de siege, ne s'etant jamais assise dans un fauteuil. Il l'appelait
Francoise, elle l'appelait M. Paul. C'etaient de vieux amis... Et
devinez de quoi ils parlaient. De ses petits-enfants, pardi! des trois
garcons de Bernard qu'elle ne connaissait pas, qu'elle aurait tant voulu
connaitre.
"Ah! monsieur Paul, si vous saviez comme il m'en tarde... J'aurais ete
si heureuse s'il me les avait amenes, mes trois petits, au lieu de tous
ces beaux hommes... Pensez que je ne les ai jamais vus, excepte sur les
portraits qui sont la... Leur mere me fait un peu peur, c'est une grande
dame tout a fait, une demoisel
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