ers, qui,
de la cabine, firent irruption sur le pont, nous separerent. Mon nouvel
ami fut aborde par plusieurs d'entre eux, et je dus m'eloigner. Je
remarquai que tous semblaient lui parler avec une extreme deference;
neanmoins, comme il avait eu la delicatesse de ne pas s'enquerir de mon
nom, je crus devoir respecter egalement son incognito.
Une demi-heure apres, j'etais a la porte d'Obernay. Le coeur me battait
avec tant de violence, que je m'arretai un instant pour me remettre. Ce
fut Obernay lui-meme qui vint m'ouvrir; de la terrasse de son jardin, il
m'avait vu arriver.
--Je comptais sur toi, me dit-il, et me voila pourtant dans un transport
de joie comme si je ne t'esperais plus. Viens, viens! toute la famille
est reunie, et nous attendons Valvedre d'un moment a l'autre.
Je trouvai Alida au milieu d'une douzaine de personnes qui ne nous
permirent d'echanger que les saluts d'usage. Il y avait la, outre le
pere, la mere et la fiancee d'Henri, la soeur ainee de Valvedre,
mademoiselle Juste, personne moins agee et moins antipathique que je ne
me la representais, et une jeune fille d'une beaute etonnante. Bien
qu'absorbe par la pensee d'Alida, je fus frappe de cette splendeur de
grace, de jeunesse et de poesie, et, malgre moi, je demandai a Henri, au
bout de quelques instants, si cette belle personne etait sa parente.
--Comment diable, si elle l'est! s'ecria-t-il en riant, c'est ma soeur
Adelaide! Et voici l'autre que tu n'as pas connue, comme celle-ci, dans
ton enfance; voici notre demon, ajouta-t-il en embrassant Rosa, qui
entrait.
Rosa etait ravissante aussi, moins ideale que sa soeur et plus
sympathique, ou, pour mieux dire, moins imposante. Elle n'avait pas
quatorze ans, et sa tenue n'etait pas encore celle d'une demoiselle bien
raisonnable; mais il y avait tant d'innocence dans sa gaiete petulante
qu'on n'etait pas tente d'oublier combien l'enfant etait pres de devenir
une jeune fille.
--Quant a l'ainee, reprit Obernay, c'est la filleule de ta mere et mon
eleve a moi, une botaniste consommee, je t'en avertis, et qui n'entend
pas raison avec les superbes railleurs de ton espece. Fais attention a
ton bel esprit, si tu veux qu'elle consente a te reconnaitre. Pourtant,
grace a ta mere, qui lui fait l'honneur de lui ecrire tous les ans en
reponse a ses lettres du 1er janvier, et pour qui elle conserve une
grande veneration, j'espere qu'elle ne fera pas trop mauvais accueil a
ta mine de poete echevele; mai
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