oint,--une
question qu'il se posait:
--Comment vais-je mourir?
Le reste disparaissait dans une sorte d'obscurite. Il n'y avait plus en
lui que l'horreur de la vie. Vivre encore une heure, une minute, cela
lui semblait une impossibilite.
Son regard vitreux tourna autour de lui.
Il se posa un inappreciable instant sur Alice qui, les bras tendus, les
yeux rives a lui, ne voyant que lui, repeta:
--Je t'aime...
Il ne la vit pas. Son regard atteignit la reine.
A grand-peine, il se detacha de l'autel auquel il s'etait appuye, et,
d'un pas lourd, hesitant, il s'approcha d'elle.
Catherine de Medicis le vit venir sans pouvoir faire un geste. Elle
etait sous le charme de l'horreur. Confusement, elle se disait qu'elle
avait outrepasse les limites.
Lorsque Marillac fut tout pres d'elle, il sourit.
Quel sourire!...
Et voila ce qu'il dit, ce qu'il balbutia plutot:
--Eh bien, ma mere, etes-vous contente?... Pourquoi me tuez-vous... de
cette maniere?...
Catherine apprit ainsi que son fils comprenait la verite tout entiere.
Cette conviction rompit le charme. Effroyable, elle se redressa; d'un
geste brusque, elle leva quelque chose qui paraissait etre une croix et
qui etait un poignard, et elle gronda:
--Comte, ce n'est pas moi qui vous tue... c'est cette croix... c'est
pour le service de Dieu! Dieu le veut!
Et, d'une voix tonnante, elle repeta:
--Dieu le veut!
Alors une etrange rumeur se fit entendre dans l'eglise. On eut dit que
la tempete qui mugissait au-dehors avait defonce les portes et que les
rafales accouraient vers le maitre-autel. Un bruissement de robes qui
se froissent et se heurtent, un pietinement rapide parmi des bruits
de chaises renversees, un murmure d'abord indistinct de voix, puis le
tumulte de ces voix eclatant en imprecations sauvages...
--Dieu le veut! Dieu le veut!
Marillac, comme dans une fantasmagorie de cauchemar, vit la foule des
tetes feminines convulsees par la haine et la peur, il vit l'ombre se
herisser de lueurs de poignards...
Puis son regard tomba sur Alice.
Et il ne vit plus qu'elle!
--Je t'aime...
Et il n'entendit plus que ce mot.
Ses pensees se disloquerent, sa raison s'effondra a grand tracas; il
lui sembla une seconde que des hurlements emplissaient sa tete, que ses
muscles hurlaient que ses nerfs hurlaient, que son cerveau hurlait puis
brusquement, il ne ressentit plus rien; le cercle de feu s'eloigna,
l'apaisement infini se fit en lui; son
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